Grève à l'école : pourquoi la mobilisation s'annonce massive et historique

  • Copié
Louise Sallé et Benjamin Peter, édité par Solène Delinger , modifié à

La mobilisation contre le protocole sanitaire à l'école s'annonce massive. Les syndicats estiment à 75% le nombre d’enseignants grévistes, ce qui entraînerait la fermeture de la moitié des écoles. Des chefs d’établissements et des inspecteurs académiques se mobilisent également, rendant ce mouvement social historique et inédit par son ampleur. 

Une mobilisation massive et inédite. Ce jeudi, une grande majorité du personnel éducatif se met en grève pour dénoncer des règles sanitaire "ingérables" et "inefficaces" à l'école . Les syndicats estiment à 75% le nombre d'enseignants grévistes et les chefs d'établissements et inspecteurs académiques comptent aussi manifester leur mécontentement. 

Les inspecteurs académiques et chefs d'établissements concernés

La grève contre le protocole sanitaire dans les établissements scolaires s’annonce particulièrement suivie. 75% des enseignants seraient mobilisés et la moitié des écoles fermées, selon le syndicat SNUipp. La Fédération des parents d’élèves (FCPE) a même appelé les familles à renoncer à amener leurs enfants à l’école ce matin. 

Une dizaine de syndicats du primaire et du secondaire dénoncent la mauvaise gestion de la crise sanitaire par le gouvernement. Cette mobilisation est historique puisqu’elle ne concerne pas uniquement les organisations enseignantes. Les inspecteurs académiques et les chefs d’établissements sont en effet eux aussi très nombreux à faire grève. Eric Nicollet, inspecteur de l'éducation nationale à Lyon et secrétaire général du SUI FSU, manifestera son mécontentement. 

"Les élèves vont en pâtir"

Pour lui, le dogme de garder l'école ouverte se fait au détriment des élèves. "L'école est ouverte, mais les classes sont vides. Nous avons une perte d'heures de cours qui est vraiment très importante. Ceux qui vont en pâtir encore plus sont les élèves qui sont déjà en difficulté et qui n'ont pas pu avoir l'enseignement de qualité qu'ils auraient pu avoir si nous avions eu un protocole plus simple", déplore-t-il au micro d'Europe 1. 

Thierry Pajot, syndicat des directeurs d'école, fait le même constat. Il dirige depuis 25 ans une école à Nice et il va faire grève aujourd'hui pour la première fois. "La dernière fois que mes 28 élèves étaient présents dans ma classe, nous étions le 12 octobre. Nous travaillions au compte gouttes et c'est difficile cette année de faire les apprentissages", explique-t-il.  Il voudrait que le gouvernement assume clairement cette stratégie de faire circuler le virus dans les écoles mais qu'en contrepartie les personnels soient mieux protégés avec des masques FFP2, et des capteurs de CO2. 

Pour Sophie Vénétitay, secrétaire générale du syndicat des professeurs de collèges et lycées SNES-FSU, cette union est inédite. "C’est quasiment du jamais vu sur ces quinze-vingt dernières années", observe-t-elle. Tout ce personnel éducatif exige des explications au ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer.

Manque de masques FFP2

Ils veulent notamment comprendre pourquoi le protocole sanitaire a été changé trois fois en huit jours et pourquoi le ministre a clarifié ces nouvelles règles dans les médias avant de les détailler au corps enseignant. Enfin, ils reprochent au ministre de ne pas avoir doté les établissements d’équipements de protection. Karim Bacha, directeur d’école en Seine-Saint-Denis, déplore ainsi le manque de capteurs de CO2, de masques FFP2 et de purificateurs d’air. "Ce sont des choses demandées depuis un bon moment", regrette-t-il. "On a l’impression de gérer la situation comme si le virus était arrivé il y a deux mois".

Les professeurs n’ont, enfin, toujours pas de masques chirurgicaux. Le premier ministre Jean Castex a promis d’en livrer avant la fin du mois de janvier.