Grève dans l'éducation : à quoi s'attendre ce jeudi 1er février ?

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Grève dans l'éducation : à quoi s'attendre ce jeudi 1er février ? © Eric Broncard / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
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Alexandre Bozio et Louise Sallé / Crédits : Eric Broncard / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP , modifié à
Les enseignants ont prévu de se mobiliser ce jeudi 1ᵉʳ février à l'appel des principaux syndicats de la profession pour protester contre leurs conditions de travail, le manque de reconnaissance qu'ils reçoivent ainsi que contre les positions d'Amélie Oudéa-Castéra. Avec une importante manifestation dans la capitale et dans de nombreuses autres villes du pays, la mobilisation pourrait concerner près de 40% des enseignants sur l'ensemble du territoire. 

Alors que la mobilisation des agriculteurs ne faiblit pas, le gouvernement va devoir faire face à un autre mouvement de contestation. Ce jeudi 1ᵉʳ février, les principaux syndicats enseignants (FSU, CGT, FO, SUD-Education, UNSA-Education, SGEN-CFDT) ont en effet appelé à la grève pour protester contre les conditions de travail, les salaires insuffisants ainsi que les récentes sorties de la nouvelle ministre de l'Éducation nationale, Amélie Oudéa-Castéra. D'après le principal syndicat des enseignants du primaire, le FSU-SNUipp, il devrait y avoir environ 40 % de grévistes dans le primaire sur le territoire pour cette journée de manifestation.

Une manifestation à Paris

À Paris, le nombre de grévistes pourrait même atteindre les 65%, tandis que 50% sont attendus dans le Val-de-Marne, la Drôme, l’Ardèche ou encore dans les Pyrénées-Atlantiques. Une manifestation va aussi être organisée à Paris et partira à 14 heures près du Jardin du Luxembourg dans le 6e arrondissement. Le cortège se dirigera ensuite vers le ministère de l’Éducation nationale, situé rue de Grenelle dans 7ᵉ arrondissement de la capitale. De nombreuses autres manifestations sont annoncées dans le reste du pays.

Cette mobilisation pourrait donc causer des problèmes de garde pour les parents dont les enfants n'auront pas cours. Pour rappel, lors de ce genre de mobilisation, les communes indiquent habituellement les garderies qui restent ouvertes dans les établissements.

Des moyens pour l’École et du respect pour les personnels

Les syndicats demandent au gouvernement des décisions fortes, la fin des suppressions de postes, et des augmentations de salaires significatives. Mais la nomination d'Amélie Oudéa-Castéra est aussi au centre du débat. "La situation s'est aggravée avec la nomination d’une ministre à temps partiel qui s’est discréditée dès ses premières prises de parole en attaquant l’école publique, laïque et gratuite", indique le FSU-SNUipp dans un communiqué publié mardi soir. 

"On voit bien que les moyens ne sont pas au rendez-vous pour financer les groupes de niveaux" évoqués par Gabriel Attal pour la rentrée 2024, renchérit Elisabeth Allain-Moreno, secrétaire générale du SE-Unsa. Pour elle, "la ministre cristallise du mécontentement, de la colère" mais "même davantage, de l'inquiétude et du doute". "On sent une grande colère" avec "le sentiment d’être baladés par l’exécutif", qui "se soucie assez peu du quotidien" des enseignants, conclue auprès de l'AFP Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat du secondaire.

"Je cherche un autre métier"

Au collège Romain Rolland situé dans la commune du Plessis-Robinson, ce sont des dizaines de professeurs qui vont faire grève pour la première fois, notamment en raison des groupes de niveau en mathématiques et en français voulus au collège par Gabriel Attal. Pour Marie (un prénom d'emprunt, ndlr), la coupe est pleine. Cela faisait 20 ans qu'elle ne s'était pas mobilisée : "J'ai vécu en Angleterre. C'est quelque chose auquel je crois ces classes de niveau parce qu'on a des classes extrêmement hétérogènes. Mais la façon dont cette réforme est mise en place, c'est une aberration", explique-t-elle au micro d'Europe 1.

"On a un nombre d'heures défini et on se répartit les heures comme ça, selon les matières, selon les groupes, et on n'a pas assez d'heures, on n'a pas assez d'heures pour payer tout le monde." Faute de budget, des options vont même devoir être supprimées. 

"Pour mettre ces groupes en place, on va devoir rogner sur la section européenne, le latin, le grec, le sport", raconte Marie, la gorge nouée. "Ça fait 25 ans que je suis prof et là, on en est au point où on doit se battre pour avoir des heures. On pourrait vous parler de nos salaires, mais on est là pour les enfants, c'est quelque chose qui nous ronge de l'intérieur et je vous le dis, je cherche un autre métier".

Pour une de ses collègues, ce fonctionnement laisse vraiment à désirer. "Je pense à mes 5e qui sont en section rugby. Ils n'ont rien d'autre pour briller que le rugby. Si on leur enlève ça, cela va donner quoi d'avoir des classes où on les étiquette ? Bon, nul, mauvais, moyen. Je ne sais pas trop si ça me donne envie de travailler pour ce genre de système là".