Le personnel scolaire se met en grève. À l’appel de plusieurs organisations syndicales, professeurs et agents des écoles observent lundi un mouvement de grève, afin de protester contre la suppression de 2.650 postes de professeurs en 2019. Ces baisses d’effectifs, qui interviennent dans le cadre de coupes budgétaires opérées dans plusieurs ministères, n’auront pas d’impact dans les salles de classe, a promis le gouvernement. Mais auprès des personnels de l’Éducation nationale, cette annonce ne passe pas, car elle ne colle pas selon eux avec la volonté affichée par l’exécutif de faire de l’éducation la "priorité" du quinquennat Macron.
Qui est concerné par ces suppressions de postes ?
Secondaire, privé et administration. Selon le ministère de l'Éducation nationale, 2.650 postes seront supprimés en 2019 dans les collèges et lycées publics, 550 dans l'enseignement privé et 400 dans l'administration. Au total, ce sont donc 3.600 postes qui vont être supprimés à la rentrée prochaine. "Seuls le second degré (collèges et lycées, ndlr) et les services administratifs seront concernés" par les baisses d'effectifs, avait assuré le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer, dans une interview au Figaro mi-septembre.
"Rééquilibrer" entre le primaire et le secondaire. Pour le gouvernement, l’idée est de "mettre le paquet" sur le primaire et de s’adapter à la démographie scolaire : il s’agit d’un "grand rééquilibrage que tout le monde réclame entre le primaire et le secondaire", avait expliqué Jean-Michel Blanquer. Ainsi, 1.900 postes seront créés dans le primaire l’année prochaine. Ces créations de postes vont permettre de financer le dédoublement des classes de CP et de CE1 dans les quartiers défavorisés.
Mais au-delà du "rééquilibrage", ces suppressions de postes s’inscrivent dans une logique d’économies budgétaires, alors que l’exécutif a annoncé fin août la suppression de 4.100 postes de fonctionnaires en 2019. L’Éducation nationale, premier vivier de fonctionnaires de l’État avec 1,1 million d’agents, soit près de la moitié des effectifs publiques, n’échappe donc pas à ces coupes, malgré une hausse de +1,7% de son budget l'année prochaine.
Pourquoi les syndicats sont-ils en colère ?
Les trois principaux syndicats de l’Éducation nationale, FSU, Unsa-Éducation et SGEN-CFDT, qui ont appelé à la grève lundi, considèrent cette annonce comme "une nouvelle dégradation des conditions d’études des élèves et de travail des personnels", et appellent le gouvernement à "renoncer à ce projet".
Des effectifs scolaires en hausse d’ici 2022. Dans un communiqué commun, ils estiment que "dans un contexte d’augmentation démographique", la "'priorité au primaire' ne peut pas se faire par un redéploiement des moyens" entre primaire et secondaire. Les syndicats rappellent qu’en raison du nombre de naissances enregistrées entre 2007 et 2011, il y aura davantage d’élèves faisant leur rentrée dans le secondaire dans les prochaines années à venir. Une donnée confirmée sur le site du ministère de l’Éducation nationale : "les effectifs du second degré vont augmenter à chaque rentée scolaire entre 2018 et 2022. En 2018, 26.000 élèves supplémentaires sont attendus. L’augmentation des effectifs devrait être plus marquée entre 2019 et 2021 avec environ 40.000 élèves supplémentaires attendus chaque rentrée", prévoit la Depp, le service de statistiques du ministère.
Travailler plus pour compenser la baisse. Toutefois, Jean-Michel Blanquer assure que les classes ne seront pas plus surchargées, malgré ces suppressions de postes de professeurs, en raison d’une part de la réforme du baccalauréat qui va "permettre d’organiser différemment les classes" avec un système de cours communs, et d’autre part de l’extension des heures supplémentaires. Les professeurs, aujourd’hui sujets à effectuer une heure supplémentaire obligatoire par semaine, pourront désormais se voir imposer deux heures supplémentaires, dans le but de compenser cette baisse d’effectifs. Ces heures supplémentaires seront exonérées de cotisations sociales, a promis Jean-Michel Blanquer.
Mais les syndicats restent sceptiques. "Ça va créer des inégalités, on sait par exemple que c’est plus difficile pour les femmes, même si elles le souhaitent, de faire des heures supplémentaires", avait illustré sur Europe 1 Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU. Ainsi, les syndicats estiment que ces suppressions de postes de professeurs "enterrent de fait la priorité à l’Éducation nationale".