Ce mardi 14 mai, les éboueurs de la Ville de Paris sont en grève, mécontents de la prime proposée pour les JO 2024. À peine plus de deux mois avant l'événement, ils veulent faire monter la pression, c'est pourquoi les éboueurs municipaux rencontrés par Europe 1 vont largement participer au mouvement.
13 heures : la journée est finie pour Albert, 40 ans. Ce matin, il a commencé à 5h30. Le temps d’un café dans le XVe arrondissement de la capitale, il raconte son métier au micro d'Europe 1, alors que ce mardi, les éboueurs de la Ville de Paris entament une journée d'actions et de grève . Mécontents des propositions de la mairie sur le montant des primes pour les Jeux olympiques, ils ont décidé de faire monter la pression à une semaine du prochain Conseil de Paris.
Les éboueurs revendiquent des primes JO plus importantes ainsi que des augmentations générales, mais comptent aussi dénoncer leur niveau de rémunération ce mardi. Ils revendiquent des primes de 1.900 euros pour tous lors des Jeux ainsi qu’une augmentation de 400 euros par mois. Albert commence à se confier : "Le quotidien, c’est ramasser les ordures, les encombrants, nettoyer les caniveaux. Pour l’instant, je le vis bien parce que je suis assez jeune." Pour ce lève-tôt, les horaires décalés ne sont pas gênants. C’est le salaire qui pose problème : malgré ses huit ans de carrière, il touche "1.800-1.900 euros net avec les primes".
La sécurité de l'emploi
Aujourd’hui, la Ville embauche autour du Smic pour 35 heures par semaine. Mais les primes et indemnités permettent aux agents d’émarger autour de 1.500 euros par mois. Proche de la soixantaine, Amadou est l’un des anciens du dépôt. Après 40 ans de service, il émarge toujours sous les 2.000 euros : "C’est pour ça qu’on fait la grève… Pour essayer de toucher un petit plus !", explique-t-il.
Éboueur, c’est donc un métier assez mal payé. Amadou souligne toutefois quelques atouts : "L’avantage qu’on a, c’est la sécurité de l’emploi !". Contrairement à leurs collègues du privé qui sillonnent d’autres arrondissements de la capitale, les éboueurs de la Ville sont des fonctionnaires.
Un statut pas si privilégié pour la retraite
Un point essentiel pour Albert, passé par une entreprise privée de ramassage des déchets, avant d’atterrir à la Ville. "La différence, c’est que dans le privé, on peut vous éjecter plus vite", admet-il. Autre avantage : les éboueurs de la Ville bénéficient d’un peu plus de huit semaines de congés annuels, contre cinq à six semaines seulement, pour la majorité des salariés du privé.
Côté retraites, les éboueurs disposent d'un statut privilégié, dû à la pénibilité du métier. Mais depuis la réforme, l’âge de départ à la retraite est passé de 57 à 59 ans. Sans oublier qu'en pratique, ils partent souvent quelques années plus tard, car ils doivent cotiser autant d’années que les autres, pour toucher une pension à taux plein.