Une "pagaille" sociale. C'est le terme employé par la ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal jeudi, à la veille du match d'ouverture de l'Euro de football. Malgré un projet d'accord à la SNCF et de nombreux appels à l'arrêt de la grève, le gouvernement peine à mettre un terme aux mouvements sociaux contre la loi Travail. Grève des trains, menace de perturbations à Air France, poubelles qui débordent… Europe 1 fait le point sur la situation.
- Déchets : la situation "empire" à Paris
Les ordures n'ont pas été ramassées depuis plusieurs jours et la situation "empire" dans plusieurs quartiers de la capitale, indique la mairie de Paris, jeudi. Les trois principaux sites de traitement des déchets de région parisienne sont toujours bloqués. D'après les services municipaux, un tiers des conducteurs de camions bennes sont en grève et 3.000 tonnes de déchets n'ont pas pu être collectées.
Les 2e, 5e, 6e, 8e, 9e, 12e, 14e, 16e, 17e et 20e arrondissements, où la collecte est assurée par les agents municipaux, sont particulièrement touchés. Les personnels et agents de la Ville de Paris, qui bloquent l'usine de traitement des déchets d'Ivry-sur-Seine/Paris 13, le centre de traitement le plus important de France, ont décidé de reconduire leur grève jusqu'à mardi.
En province, l'incinérateur de Fos-sur-Mer reste également bloqué, malgré l'appel du président de la métropole marseillaise Jean-Claude Gaudin à en libérer les accès. De même pour le principal centre des Hautes-Pyrénées. En revanche à Saint-Etienne, la collecte et le traitement des ordures a repris jeudi.
- SNCF : les RER vers le Stade de France perturbés vendredi
A la SNCF, principal champ de bataille contre le projet de loi, la grève a été reconduite jusqu'à vendredi dans la plupart des gares françaises. Mais les assemblées générales ont été moins nombreuses à voter la poursuite du mouvement, qui dure depuis le 1er juin. La CGT a par ailleurs commencé à consulter ses adhérents avant de faire connaître sa position sur le projet d'accord interne de mardi, déjà signé par l'Unsa et la CFDT, qui pourrait mettre fin au mouvement.
Le trafic SNCF reste fortement perturbé par la grève des cheminots, jeudi, avec, en moyenne, 4 TGV sur 5, un Transilien sur deux et 6 TER sur 10. En région parisienne, le trafic est d'un RER E sur deux, un RER B sur trois, et 40% des RER D, la ligne A circulant normalement. Toujours affecté par les conséquences des intempéries, le RER C ne fonctionne qu'à 25%.
Jeudi, à Paris, les assemblées générales des zones Paris Nord et Paris Sud-Est ont voté la poursuite de la grève pour deux "temps forts" : vendredi, jour de l'ouverture de l'Euro de football, et le 14 juin, pour soutenir la manifestation nationale. Entre ces deux dates, les cheminots devraient reprendre le travail. Le responsable du trafic en Île-de-France a déjà incité les spectateurs du match d'ouverture de l'Euro à venir au stade "le plus tôt possible" vendredi, précisant que la grève perturberait les RER B et D. De son côté, un porte-parole de la RATP a assuré que les lignes de métro desservant le stade ne seraient pas affectées par le mouvement.
- Avions : 20 à 30% des vols annulés samedi, des perturbations jusqu'à mardi
Les syndicats de pilotes représentatifs à Air France ont rejeté le nouveau protocole de fin de conflit transmis par la direction du groupe, jeudi. Conséquence : pas de levée du préavis de grève, prévue du samedi 11 au mardi 14 juin.
Entre 70 et 80% des vols d'Air France seront assurés samedi, au premier jour du mouvement. Les voyageurs "trouveront sur notre site internet toutes les informations fiables et en temps réel" 24 heures avant leur vol, a déclaré le PDG d'Air France, Frédéric Gagey, jeudi.
- Du mieux côté carburants et énergie
Le mouvement se poursuit dans ces secteurs, mais son impact sur l'Euro devrait être moindre. Concernant les carburants, la mobilisation continue dans trois des cinq raffineries françaises du groupe Total, mais toutes les stations-service du réseau sont réapprovisionnées. Au Havre, la grève du personnel des terminaux pétroliers continue aussi.
Dans le secteur de l'énergie, des débrayages dans plusieurs centrales ont généré une légère baisse de la production, et la CGT revendique avoir basculé plusieurs centaines de milliers de compteurs en heures creuses. Selon le syndicat, des arrêts de travail sont notamment observés dans les centrales nucléaires du Blayais, au Bugey, à Fessenheim, à Paluel et au Tricastin, ainsi qu'à Golfech. La centrale thermique de Porcheville, dans les Yvelines, est aussi "toujours bloquée".