L'épidémie de grippe aviaire a porté un coup de frein à la consommation de foie gras en 2016. Les Français en ont acheté 4.836 tonnes en grande surface en 2016 contre 5.336 en 2015, soit une chute de 9,3%, en raison d'une "offre réduite" due à l'épidémie de grippe aviaire, selon le Cifog, organisme qui regroupe les professionnels de la filière.
Un redémarrage prévu en mai. En valeur, le recul des ventes n'est que de 1,9% sur l'année 2016, a précisé le Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras, selon lequel "3,7 millions de canards" ont été abattus depuis fin 2016 dans le sud-ouest de la France (2,3 millions à titre préventif et 1,4 million dans les exploitations touchées par le virus H5N8).
Le Cifog table sur un redémarrage d'activité des élevages dans le sud-ouest en "mai", après "nettoyage et désinfection" des exploitations "d'ici le 31 mars". "Pour l'instant, la production est à l'arrêt dans la quasi-totalité des Landes, du Gers, des Pyrénées-Atlantiques, ainsi que dans une partie des Hautes-Pyrénées et du Lot-et-Garonne", qui n'est pas stabilisé, a-t-il précisé. 387 foyers de la maladie ont été identifiés à ce jour, le département des Landes étant le plus touché avec 224 foyers.
250 millions d'euros de pertes. Au total, le Cifog estime à 6 millions le nombre de canards qui ne peuvent être mis en production depuis le début de l'épizootie de grippe aviaire (épidémie animale non transmissible à l'homme, ndlr) transmise par le virus H5N8 qui a fait des ravages sur les oiseaux migrateurs et les élevages, aussi bien en Europe, qu'en Afrique ou en Asie. Au total, ce sont donc "9,7 millions de canards perdus pour la production française de foie gras" ajoute le Cifog qui estime à "plus de 250 millions d'euros" les pertes pour l'ensemble de la filière.
De nouvelles mesures sanitaires. L'activité dans les exploitations ne pourra pas reprendre dans les mêmes conditions qu'avant cette crise. Une série de mesures sanitaires et de changements dans les processus d'élevage sont prévus dans l'espoir d'endiguer la maladie. Parmi les plus notables, l'élevage en plein air sera maintenu car il représente l'ADN de la filière, mais des dispositions devront être prises pour être en mesure de protéger les animaux en période de risque élevé, lors du passage des oiseaux migrateurs.
Les éleveurs devront donc être capables de garder les oiseaux à l'intérieur des bâtiments d'élevage du 15 novembre au 15 janvier, ce qui va avoir un "impact significatif" sur les densités d'animaux dans les élevages spécialisés. Les intervenants extérieurs à la profession comme les transporteurs vont aussi être mieux formés aux risques sanitaires de propagation des épidémies.
Au plan européen, cette épidémie ampute le potentiel de production du foie gras européen d'environ 6.000 tonnes, estime le Cifog. En 2017, les professionnels français estiment ainsi que "moins de 16.500 tonnes de foie gras de canard seront produites par l'Union Européenne contre 22.500 tonnes en 2015".