"Les puissances occidentales n'ont pas de meilleur moyen de servir la paix du monde que de rester droites et fermes", disait Charles de Gaulle en 1961. À l'occasion de la commémoration de l'Appel du 18-Juin formulé par le Général en 1940, Jean-Luc Barré, historien, écrivain et éditeur était l'invité de Jean-Pierre Elkabbach ce samedi. Il s'est penché sur ce qu'aurait fait Charles de Gaulle en tant que président de la République aujourd'hui, face à l'invasion russe de l'Ukraine décidée par Vladimir Poutine. "Il a toujours été dans la projection, donc je pense qu'il n'aurait pas été surpris par la violence des événements", explique-t-il au micro d'Europe 1.
"Il a toujours réagi de manière très claire face aux agressions", a relaté l'historien, auteur du livre Devenir De Gaulle en 2003. "La question du dialogue ne peut pas être interrompue" pour le Général, a-t-il ajouté, estimant qu'il se serait rendu à Kiev "peut-être un peu avant" que ne l'a fait Emmanuel Macron ce jeudi, après une tournée diplomatique en Europe du Sud-est pendant laquelle il a réaffirmé le soutien de la France et de l'Europe à l'Ukraine.
Une construction de l'Europe qui ne se fasse pas contre la Russie
Si le chef de l'État a soutenu l'adhésion de l'Ukraine à l'Union européenne, il n'a pas évoqué une éventuelle adhésion à l'Otan. Une alliance géopolitique dont le Général s'était écartée dans les années 1960. "Quand Charles de Gaulle dit qu'il faut construire l'Europe de l'Atlantique à l'Oural, en faisant en sorte que cette construction ne se fasse pas contre la Russie, c'est la question qui est posée aujourd'hui", a souligné Jean-Luc Barré.
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"Comment tout cela est-il perçu par la Russie ?", s'est interrogé l'écrivain. "Dans la tradition russe, il y a un complexe d'enfermement, presque d'encerclement. À partir de là, le conflit ne peut que durer. Je pense que De Gaulle se serait appliqué à faire en sorte, lui qui considérait la Russie comme un partenaire essentiel pour la détente, peut-être même primordial à faire en sorte que les choses évoluent dans un autre sens", a-t-il exposé au micro de Jean-Pierre Elkabbach.
Le rôle "d'intermédiaire" de la France
"Je ne sais pas si (Charles de Gaulle) aurait donné des armes", a-t-il poursuivi, alors qu'Emmanuel Macron a officialisé l'envoi de six canons Caesar "additionnels" à l'Ukraine jeudi. "Il faut se rappeler l'embargo sur les armes concernant Israël", a indiqué Jean-Luc Barré.
Pour l'historien et éditeur, "ce qui est important à comprendre, c'est que De Gaulle s'éloigne de l'alliance Atlantique parce qu'il considère que la France doit avoir son rôle d'intermédiaire. Il aurait reconnu ce rôle entre l'Ukraine et la Russie."