Les "500 frères contre la délinquance", un groupe en pointe dans le mouvement social en cours en Guyane depuis deux semaines, ont fait fermer lundi tous les magasins de Cayenne, où une "opération ville morte a été décrétée". "Il faut fermer, il n'y a pas le choix", a indiqué à l'AFP l'un des membres du mouvement, cagoulé, alors qu'il venait d'intimer l'ordre à un commerçant de baisser son rideau.
Après lui, six autres membres des "500 frères", torses bombés et muscles saillants, et eux aussi visages masqués, sont venus s'assurer de la bonne exécution de la consigne. "Ils n'ont pas le choix, sinon les '500 frères' vont venir tout casser", a commenté Ricardo, un travailleur clandestin péruvien qui assistait à la scène, tandis que le propriétaire des lieux n'a pas souhaité faire de commentaire.
Un mouvement social inédit. Le collectif "Pou La Gwiyann dékolé" (Pour que la Guyane décolle), qui regroupe l'ensemble des mouvements protestataires du département d'outre-mer, avait demandé dimanche soir aux magasins de rester fermés en soutien à la population, mais tout en laissant la possibilité aux propriétaires de ne pas le faire, selon la communicante du collectif Florence Adjodha. Le mouvement contestataire en Guyane, vaste territoire d'Amérique du Sud (83.000 km2) situé à 7.000 km de Paris, est basé sur des revendications sécuritaires, économiques et sociales, ainsi que sur la méfiance face à l'État, accusé de sous-investissement depuis des décennies.