Après plus de trois semaines de conflit social en Guyane et un fossé croissant entre opposants et partisans des blocages, le collectif "Pou la Gwiyann dékolé" ("Pour que la Guyane décolle") a décidé de lever les barrages "jusqu'à nouvel ordre".
"Tous les barrages sont ouverts, pas levés". La Guyane était paralysée depuis plus de trois semaines par un mouvement social qui porte des revendications sécuritaires, économiques et sociales pour permettre le rattrapage de ce territoire d'Outre-mer par rapport à l'Hexagone. Les barrages seront tous ouverts, hormis quelques-uns jugés stratégiques, notamment celui du Centre spatial guyanais de Kourou, vitrine économique du territoire, mais symbole pour les Guyanais des inégalités persistantes. Le mouvement social empêche un lancement de la fusée Ariane depuis plus de trois semaines.
Le collectif, par l'intermédiaire de son porte-parole Mikael Mancée, leader charismatique du mouvement des "500 frères contre la délinquance", dont la particularité est de se déplacer cagoulés, a immédiatement prévenu sur Guyane Première : "Tous les barrages sont ouverts, pas levés", soulignant que la mobilisation se poursuivait. "On peut circuler, en cette période culturelle forte pour la Guyane", a-t-il assuré. Le week-end pascal est un moment très suivi par la population guyanaise. Une nouvelle réunion du collectif aura lieu lundi.
Refus d'une délégation envoyée à Paris. Le collectif a également refusé qu'une délégation se rende à Paris pour rencontrer François Hollande pour marquer "la colère de la population vis-à-vis d'un président qui n'a jamais porté attention à notre égard depuis le début du mouvement", a déclaré un membre du collectif, Youri Antoinette.
Alors que le gouvernement a validé la semaine dernière un plan d'urgence de plus d'un milliard d'euros pour ce territoire, "Pou La Gwiyann dékolé" réclame 2,1 milliards supplémentaires. Le Premier ministre Bernard Cazeneuve a indiqué mercredi qu'il souhaitait l'installation du comité de suivi local du plan d'urgence, "le 20 avril au plus tard".
Des barrages qui divisent la population. Dans la journée, les socio-professionnels avaient expressément demandé "la levée des barrages routiers qui nous divisent", pour "faire perdurer l'esprit du 28 mars (journée d'une mobilisation historique en Guyane, ndlr) et sauver les emplois guyanais".
Depuis plusieurs jours, des voix se faisaient entendre crescendo pour réclamer la fin des blocages, après trois semaines d'un conflit qui a paralysé l'économie de tout le territoire. Mercredi, onze plaintes pour "entrave à la libre circulation" ont été déposées à Cayenne par une centaine de chefs d'entreprise, commerçants et artisans, au lendemain d'une première manifestation anti-blocage à Kourou. Ils ont notamment justifié leur action par des pertes financières de plus en plus importantes.