Hayange : un groupe annule son concert à la controversée "Fête du cochon" d'une ville FN

La "Fête du cochon" avait réuni quelque 5.000 personnes en 2015, à Hayange.
La "Fête du cochon" avait réuni quelque 5.000 personnes en 2015, à Hayange. © Capture d'écran Twitter/@VilledeHayange
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Mathilde Belin
Un groupe, dont fait partie Ève Angeli, a annulé sa participation à la "Fête du cochon" d'Hayange, en Moselle, dont il dénonce le caractère politique.

Il dénonce une "instrumentalisation" politique. Le producteur des Drôles de dames, un groupe de quatre artistes féminines dont fait partie Ève Angeli, a annulé leur concert prévu pour la "Fête du cochon" à Hayange, une ville Front national de Moselle, prévue le 3 septembre. "Cela n'a jamais été stipulé qu'il s'agissait de la 'Fête du cochon', ni dans les échanges de mails, de courriers, ni sur le contrat. Or, on ne peut pas participer à ça", s’insurge Olivier Kaefer auprès d'Europe1.fr, dénonçant un événement au "discours nauséabond et dégueulasse".

Un rendez-vous de groupes nationalistes. Selon lui, la municipalité a volontairement omis de lui indiquer que la prestation des Drôles de dames était pour la "Fête du cochon", un rendez-vous annuel de la commune, traditionnellement apolitique mais désormais fréquenté par des "identitaires", des groupes "nationalises" et "quelques néonazis", comme le rapportait un reportage de Libération en 2015. Dans son éditorial du 25 août, Le Républicain lorrain évoque aussi la présence de cadres du FN, ainsi que des "discours sur la préférence nationale à la tribune".

Le maire d'Hayange, Fabien Engelmann, précise à Europe1.fr : "Il n'y a pas de sectarisme. Il s'agit de la défense de nos traditions, cela fait partie du folklore lorrain. On ne va tout de même pas s'excuser !" Sur le site de la mairie d'Hayange, la "Fête du cochon" est décrite comme une "journée chaleureuse, à la française (...) car c'est la France que nous fêtons". Et l'affiche de la manifestation, dévoilée le 21 août, donne là encore le ton : "nos traditions d'abord". Et, sous le slogan, la présentation des quatre Drôles de dames :

Participer à une "fête automnale". "On a été contacté en février par la mairie pour participer à une 'fête automnale'. Je me renseigne un peu, je vois que le maire est un peu controversé, FN, mais nous, nous sommes apolitiques", explique le producteur. "On chante pour des habitants et non pour une mairie PS ou LR ou FN, donc on a accepté", poursuit-il. Jusqu'au 17 août où Olivier Kaefer reçoit le premier mail, selon lui, qui évoque explicitement la "Fête du cochon". "J'ai ensuite vu l'affiche de l'événement. Nous avons alors contacté notre avocat et décidé d'annuler notre participation", peste le producteur, assurant n'avoir "jamais eu vent de la 'Fête du cochon' avant", fête qu'il qualifie d'"anti-musulmans".

La commune "a pris soin en effet de nous dissimuler jusqu'à ce jour encore le contexte dans lequel le concert devait avoir lieu. Nous n'acceptons pas de participer à la 'Fête du cochon' compte tenu du caractère particulièrement politique et polémique de celle-ci (...) Nous n'acceptons pas que l'image et la notoriété de nos artistes puissent être instrumentalisées (...) Nous considérons avoir été trompés", regrette la société de production dans un post Facebook.

"Il ment délibérément". De son côté, Fabien Engelmann dénonce la "malhonnêteté" du producteur et affirme qu'il était bien au courant que la prestation se déroulerait lors de la "Fête du cochon". "On leur a dit de suite : on est une mairie FN, c'est pour la 'Fête du cochon". On a un producteur qui ment délibérément, sous pression de certains journalistes politisés, en disant qu'il n'était pas au courant", développe le maire, regrettant que le mot cochon "soit devenu un gros mot".

"Nous avons des preuves par mails" que le producteur était au courant avant le 17 août qu'il s'agissait de la "Fête du cochon", avance encore Fabien Engelmann, avant de se contredire quelques minutes plus tard : "avant le mail du 17 août, la précision de la 'Fête du cochon' s'est faite oralement". Pour l'heure, ni la mairie ni le producteur n'envisage des poursuites judiciaires. D'autant que le maire se réjouit d'avoir retrouvé des artistes pour célébrer la "Fête du cochon". Dont Ève Angeli, qui s'y produira pour le coup en solo.

 

Dans le mail de la mairie envoyé à la société de production le 27 juillet, il est question d'une "fête automnale" : 

cap 1280

Le premier mail qui évoque la "Fête du cochon", selon le producteur, date du 17 août. Un mail d'ailleurs partagé sur le compte Twitter de la mairie :