Le gouvernement ne remettra personne à la rue à l'issue de la trêve hivernale. Les places d'hébergement d'urgence ouvertes aux sans-abris pendant l'épidémie seront prolongées jusqu'en mars 2022. Un soulagement pour les plus précaires, hébergés pour certains dans des hôtels, comme l'hôtel Avenir géré par l'association Emmaüs Solidarité, dans le 9e arrondissement de Paris. Il y a six mois cet établissement est devenu un centre d'hébergement, en pleine deuxième vague du Covid-19. Depuis, il accueille près de 84 hommes isolés.
Cette solution d'urgence mise en place pendant la pandémie reste encore essentielle aujourd'hui selon Bruno Morel, le directeur général d'Emmaüs Solidarité. "Ce sont des publics qui, par définition, sont fragiles, mais qui le sont encore plus parce que leur parcours de rue les rend particulièrement exposés aux risques liés au Covid-19", fait-il valoir auprès d'Europe 1.
"On est plus exposé à l'extérieur qu'ici"
Exposition à la maladie, difficulté de s'abriter pendant les confinements successifs, manque de lien social... autant de raisons qui expliquent l'apaisement de Nicolas, 60 ans et à la rue depuis cinq ans, lorsqu'il a appris le prolongement de l'accueil jusqu'à mars 2022. "C'est un grand soulagement. On est plus exposé à l'extérieur qu'ici, où l'on nous fournit les masques et tout ce dont on a besoin au niveau de l'hygiène. Aujourd'hui, étant donné ma situation de sans-papiers, je n'ai pas d'endroit où aller", explique-t-il à Europe 1.
Autres conséquences positives de ce prolongement : il devrait donner une plus grande marge de manœuvre aux associations pour reloger de façon plus pérenne ces SDF, mais aussi permettre de les orienter vers des centres de vaccination, alors qu'ils vont intégrer les publics prioritaires, sans critère d'âge. "Nous avons ouvert un centre de vaccination dans le 14ème arrondissement il y a à peu près trois semaines, ce qui nous a permis de roder les équipes à l'accompagnement des personnes, pour leur faire comprendre l'importance de la vaccination. Mais aussi de lancer la mécanique qui nous permet de vacciner sans critère d'âge", indique Florian Guyot, le directeur général de l'association Aurore qui accompagne les personnes en situation de grande précarité.
Les enjeux de la vaccination des sans-abri
"Il est important de vacciner les personnes précaires. Une étude de la CPAM et de l'Agence nationale de sécurité médicale a montré que les facteurs sociaux, comme les conditions de logement, aggravent les risques de formes graves du coronavirus", alerte-t-il. "C'est un public qui a plus de comorbidités. On dit que les personnes sans-abri avec de longs parcours de rue ont une espérance de vie entre 20 et 30 ans inférieure à la moyenne."
La sensibilisation se fait également à travers les maraudes, mais l'inquiétude première des associatifs reste d'obtenir un vaccin mono-dose, qui facilitera la prise en charge de patients au suivi médical souvent erratique. "Actuellement, nous avons mis en place un système d'attestation où la personne qui vient se faire vacciner nous autorise à garder cette donnée de santé, de manière à ce qu'au bout de quatre ou six semaines on puisse contacter son référent social pour lui rappeler qu'il y a la deuxième dose. C'est tout un enjeu. Nous essayons de nous mobiliser pour que cette seconde injection puisse être appliquée", indique encore Florian Guyot.