A l’époque, elle s’était faite passer pour une étudiante en sociologie. En 2005, Hind Fraihi, journaliste flamande, a infiltré les réseaux islamistes qui prospéraient déjà à Molenbeek, la ville de Belgique qui a vu grandir plusieurs des auteurs des attentats du 13 novembre.
Des informations concrètes pour faire le djihad. Hind Fraihi a raconté, jeudi dans le Grand Direct de l'Actu, "les signaux d’alerte" qui montraient le phénomène de radicalisation, dix ans avant les attentats de Paris. "A l’époque, j’ai trouvé des livres, des manifestes, des pamphlets, avec des informations très concrètes pour faire le djihad", raconte-t-elle. Aujourd'hui, la journaliste publie à nouveau son enquête de l’époque dans En immersion à Molenbeek.
Des recruteurs ciblaient les jeunes. "Il y avait aussi des imams qui faisaient des prêches qui disaient qu’il fallait faire djihad vers l’Afghanistan, à l’époque", a expliqué la journaliste."Des jeunes dans la rue ou dans le métro me disait qu’ils étaient approchés par des recruteurs, pour aller au combat."
Molenbeek, une enclave islamique. Pourquoi le phénomène de radicalisation a-t-il pris dans cette ville ? "C’est une commune très jeune, avec beaucoup de chômage, de criminalité", a avancé Hind Fraihi. "Déjà à cette époque-là, je parlais d’une enclave islamique." La journaliste a alors tenté de tirer la sonnette d’alarme. "Le maire a dit que j’exagérais, que je cherchais de la sensation." D’autres responsables politiques lui ont répondu "que c’était trop tôt pour dire ça", raconte-t-elle. "Aujourd’hui, on l’accepte de plus en plus. Mais est-ce que ça n’est pas trop tard ?", conclut-elle, inquiète.