Le président François Hollande a rendu hommage mardi aux soldats morts au cours d'opérations extérieures, pour "la paix" et pour la "sécurité" de la France, en lançant les travaux d'un mémorial qui leur sera dédié. "Lutter contre le terrorisme à l'extérieur, c'est nous permettre de lutter contre le terrorisme à l'intérieur", a martelé le chef de l'Etat en rappelant qu'il avait engagé trois opérations extérieures ("Opex") durant son mandat, au Mali et en Centrafrique en 2013 puis en Irak/Syrie contre le groupe Etat islamique en 2014.
Allusion à l'arrestation de deux suspects. "La France ne serait pas la France si elle restait sourde aux souffrances des peuples ou inerte face aux intentions de domination de certains empires qui menacent le droit et les équilibres internationaux (...), si elle ne s'opposait pas à des dictateurs cyniques qui massacrent avec leurs armes chimiques leur population", a-t-il ajouté en référence à l'attaque chimique présumée de Khan Cheikhoun en Syrie. "La France ne serait pas la France si elle ne portait pas secours à des populations victimes du terrorisme, comme nous l'avons été par les-mêmes d'ailleurs et qui encore ces dernières heures ont tenté de créer une situation qui aurait pu être extrêmement douloureuse pour notre pays", a-t-il ajouté dans une allusion à un projet d'attentat et à l'arrestation de deux suspects à Marseille à quelques jours du premier tour de la présidentielle.
Au parc André Citroën. Le mémorial, qui sera érigé au Parc André Citroën près du siège du ministère de la Défense à Balard (XVe arrondissement) d'ici un an, portera le nom des 600 soldats morts pour la France lors d'opérations extérieures depuis la fin des guerres de décolonisation. Ces opérations - dont la première d'entre elles au Tchad en 1969-71 - ont d'abord été menées dans le cadre d'accords de défense avec les ex-colonies françaises ou pour la protection et l'évacuation de ressortissants français et étrangers comme à Kolwezi au Zaïre (aujourd'hui RDC) en 1978. Après la fin de la Guerre froide en 1989, les opérations sous mandat international (ONU,UE, OTAN) se sont multipliées, en Irak (guerre du Golfe en 1990-91), en ex-Yougoslavie (1992-95), en Afghanistan (2002-2013) ou en Libye (2011). Les plus meurtrières d'entre elles pour l'armée française ont eu lieu au Liban (158 militaires décédés, dont 58 parachutistes dans l'attentat du poste Drakkar à Beyrouth en 1983), au Tchad (158), en ex-Yougoslavie (116 morts) et en Afghanistan (88 morts).
Depuis l'intervention au Mali, elles sont surtout placées sous le signe de la lutte contre le terrorisme. S'y ajoute, depuis les attentats de Paris en 2015, l'opération Sentinelle de défense du territoire national. Environ 8.000 soldats sont mobilisés actuellement dans des opérations extérieures, dont 3.500 au Sahel (opération Barkhane) et 1.500 contre l'EI en Irak et Syrie dans le cadre d'une coalition internationale dirigée par les Etats-Unis.
Le mémorial, confié à Stéphane Vigny, représentera six soldats portant un cercueil vide, qui "matérialisera le vide de l'absence", a expliqué l'artiste.