Hôpital : 42% des directrices disent avoir été victimes de violences sexistes et sexuelles

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Près de 900 faits, déclarés par des victimes ou témoins, ont été recensés dans le cadre de cette enquête, menée au second semestre 2023 auprès de 1.171 directeurs et adjoints, soit 27% du total des directeurs d'hôpitaux et d'établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux publics, selon le Centre national de gestion.

Propositions déplacées, harcèlement, agressions: quatre directrices d'hôpitaux sur dix assurent avoir subi des violences sexistes et sexuelles, selon une étude qui met à nouveau en lumière un phénomène encore récemment dénoncé avec le mouvement #Metoo Hôpital. 

Près de 900 faits, déclarés par des victimes ou témoins, ont été recensés dans le cadre de cette enquête, menée au second semestre 2023 auprès de 1.171 directeurs et adjoints, soit 27% du total des directeurs d'hôpitaux et d'établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux publics, selon le Centre national de gestion (CNG, autorité qui nomme ces professionnels).

 

56% concernent des remarques déplacées

Plus de 300 directrices, soit 42% des femmes interrogées, ont indiqué avoir été victimes de violences sexistes et sexuelles au cours des trois dernières années, contre 9% des hommes, est-il écrit dans cette publication diffusée mardi. "Parmi les situations vécues en tant que victimes, 56% concernent des remarques déplacées", est-il ajouté.

Les autres faits dénoncés sont notamment des "injures en lien avec le sexe", des "propos, attitudes ou pressions" dans le but d'obtenir un acte sexuel, des exhibitions ou "visions subies" d'images pornographiques, des "propositions d'avantage en échange de faveurs sexuelles", ou encore des "agressions", a précisé à l'AFP le CNG vendredi, sans donner davantage de détails. Dans 58% des cas, l'auteur "appartient à un cercle professionnel proche de la victime", qu'il soit membre de la gouvernance (22%), de l'équipe de direction (18%) ou un supérieur hiérarchique (18%).

Un dispositif de signalement interne "très peu utilisé"

Les faits ont été signalés ou dénoncés, au moins à un collègue dans 57% des cas, mais beaucoup plus souvent par des témoins que par les victimes. "La certitude que rien ne se passerait est une raison souvent citée pour ne pas dénoncer les faits subis", analyse le CNG. Le dispositif de signalement interne est "très peu utilisé". L'auteur a été "géré par la hiérarchie" dans 31,5% des cas, entre recadrages et procédures disciplinaires ou pénales. Mais seules 13% des victimes ayant parlé disent avoir eu connaissance de "suites" données à l'affaire.

En avril, les révélations de l'infectiologue Karine Lacombe, qui accuse de harcèlement l'urgentiste Patrick Pelloux, ont déclenché une vague de réactions et témoignages. Beaucoup de soignantes ont dénoncé une "culture 'carabine'" et "patriarcale" installée à l'hôpital, et une tradition d'omerta. Frédéric Valletoux, ministre de la Santé démissionnaire, a lancé des concertations et annoncé fin mai plusieurs mesures dont la mise en place d'une formation pour tous les personnels.