Huit mois après le début du mouvement de grève des services d'urgence, la grogne a essaimé dans tous les étages des hôpitaux publics. Les personnels soignants s'apprêtent à manifester lors d'une journée "hôpital mort", jeudi. Un appel que soutient le professeur Rémi Salomon, chef de service en pédiatrie à l’Hôpital Necker, qui a considéré, mercredi soir, sur Europe 1, qu'on arrivait à "un point de rupture".
Invité du Grand journal du soir, le médecin a rappelé que le jour de la manifestation n'avait pas été choisi au hasard, puisque c'est en ce moment qu'est "voté le budget de l'hôpital [public]" pour l'année 2020. Et c'est ce vote qui déchaîne les passions. "Il est à 1-1,5 milliard d'euros en deçà des besoins", explique le chef de chef de service. "De plus, il n'est pas déterminé en fonction des besoins de l'hôpital, mais sur des critères macro-économiques. On nous dit que la dépense publique est excessive, alors on se voit fixer un montant à ne pas dépasser, […] et cela fait dix ans que ça dure !"
"Le malaise est énorme, et l'inquiétude terrible"
La baisse de budget se matérialise essentiellement par des économies "sur la masse salariale", soit les deux-tiers des dépenses de l'hôpital. Et qui a pour conséquence la fermeture de lits dans tous les services. Prenant le sien en exemple, le professeur explique qu'en réanimation pédiatrique, 42% de l'effectif paramédical est parti. Concrètement, "alors que l'épidémie de bronchiolite débute, on est obligé de transférer des enfants en dehors des hôpitaux parisiens". "Hier [mardi], il y en a eu trois". Avant de résumer : "La situation est catastrophique […] le malaise est énorme, et l'inquiétude terrible".