Hôpitaux : un patient sur vingt touché par une infection nosocomiale

Les services de réanimation sont les plus touchés par les maladies nosocomiales. © JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP
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Mélanie Gomez avec AFP , modifié à

Les maladies contractées par les patients dans les établissements de santé sont responsables de 4.200 décès chaque année en France.

Un patient hospitalisé sur vingt est touché par au moins une infection nosocomiale (contractée dans l'établissement de santé), selon une enquête nationale réalisée en 2017, qui montre que cette proportion n'a pas diminué depuis 2012. "On estime que 4.200 décès sont liés à des infections nosocomiales chaque année", a déclaré le docteur Bruno Coignard, responsable de la direction des maladies infectieuses de l'agence sanitaire Santé publique France, lundi en dévoilant cette enquête.

Risque pendant les interventions chirurgicales. La proportion des patients infectés est stable entre 2012 et 2017 alors qu'elle avait diminué de 10% entre 2006 et 2012, selon cette 6ème enquête réalisée un jour donné auprès de 403 établissements de santé. Ces enquêtes sont réalisées tous les cinq ans. Au sein de ce total, la part des infections liées à une intervention chirurgicale est en hausse, selon l'enquête. Elle passe en cinq ans de 13,5% à 16% du total, se rangeant ainsi au deuxième rang des infections nosocomiales les plus courantes derrière les infections urinaires (28%) et devant les pneumonies (15,5%).

Comment expliquer cette progression ? Plusieurs hypothèses existent : d'abord, les patients hospitalisés en 2017 pour une opération sont peut-être plus fragiles. Il y a de plus en plus de patients obèses ou plus âgés, donc des profils plus à risque de contracter une infection. Mais un autre phénomène commence à inquiéter les autorités : des soignants refusent d'utiliser du gel hydroalcoolique pour désinfecter leurs mains. Et ce n'est pas anecdotiques. Selon le Dr Pierre Parneix, président de la Société française d'hygiène hospitalière, les remontées sont quotidiennes. "Les gens ont cru des informations d'après lesquelles les gels hydroalcooliques contenaient des produits perturbateurs endocriniens, voire même cancérigènes, des choses complètement erronées, qui finalement font peur aux professionnels. C'est quelque chose qu'il faut essayer de rétablir", plaide-t-il sur Europe 1.

Les services de réanimation plus touchés. Parmi les bactéries le plus fréquemment responsables d'infections nosocomiales (associées aux soins) contractées au cours d'un séjour à l'hôpital figurent Escherichia coli (près d'un quart des infections) et le staphylocoque doré (13%). Les infections nosocomiales sont davantage constatées dans les services de réanimation (un patient infecté sur quatre) qui soignent des patients plus vulnérables et exposés à des dispositifs invasifs (cathéter, assistance respiratoire, sonde urinaire) qui augmentent les risques.

À peu près un patient hospitalisé sur sept reçoit un traitement antibiotique, une proportion qui diminue très légèrement par rapport à 2012.  "Il faut poursuivre les actions en faveur du bon usage des antibiotiques. La France par rapport à ses voisins européens consomme beaucoup d'antibiotiques, donc on peut faire des progrès en la matière", selon le Dr Coignard.

Des efforts d'hygiène fructueux. Cette photographie des infections nosocomiales en France montre également que les infections dues aux staphylocoques dorés résistants à l'antibiotique méticilline continuent de diminuer. La proportion des patients infectés par ce germe résistant aux antibiotiques baisse de 7,5% entre 2012 et 2017. "Cela montre que les efforts quotidiens dans les hôpitaux, notamment d'hygiène des mains, portent leurs fruits", remarque le Dr Coignard.