Elles peuvent avoir des vertus relaxantes, anti-microbes et même cosmétiques. Les huiles essentielles sont pourtant loin d’être des produits anodins et la prudence s’impose concernant leur utilisation. En 2015, 141 personnes ont été "intoxiquées aux huiles essentielles" rien que dans le département des Hauts-de-France, révèle mardi La Voix du Nord. En 15 ans, le nombre d’intoxications dépasse même le millier de cas.
> Quels sont les risques et comment les prévenir ? Explications.
Quels sont les risques ? Une huile essentielle est un extrait de fleurs, de feuilles, de fruits ou d’écorce obtenu par distillation et possédant des vertus médicinales ou cosmétiques. Elles peuvent s’appliquer sur la peau, par voie orale ou respiratoire, mais sous de strictes conditions, car les effets indésirables – voire dangereux – peuvent vite arriver. Irritation, brûlures, taches sur la peau problèmes respiratoires, allergies… Les conséquences potentielles d’un mauvais usage de ces huiles sont nombreuses. La plupart du temps, les effets indésirables font suite à un surdosage, ou à la consommation des huiles par des publics à risque, comme les enfants ou les femmes enceintes (voir encadré). Il est donc impératif de respecter la posologie, c’est-à-dire le nombre de gouttes recommandées par l’emballage ou la notice. Si vous avez le moindre doute, demandez à votre pharmacien.
"Demandez également la brochure d’utilisation éditée en lien avec le laboratoire qui la commercialise. Elles sont généralement bien faites et donnent de bons conseils. Vous pouvez aussi profiter de l’expérience des militants des usages alternatifs qui tiennent des magasins bio. Enfin, à l’image d’Aroma-Zone, quelques sites Internet font du bon travail", ajoute Patrick Collin, enseignant en aromathérapie à la faculté de médecine de Bobigny, cité dans 60 Millions de consommateurs.
Chaque mode d’absorption des huiles et chaque huile elle-même nécessite toutefois des précautions particulières, d’où la nécessité de bien s’informer avant.
Comment se les appliquer sur la peau ? L’application sur la peau reste la plus sûre. Mais par précaution, il est conseillé de ne jamais se l’appliquer pure, surtout s’il s’agit de l'huile essentielle d'écorce de cannelle, de clou de girofle, de thym, de sarriette ou d'origan. Pour diluer une huile essentielle, utilisez de l’alcool à 95°, du beurre "neutre" ou de l’huile végétale, comme l'huile d'avocat ou de l'huile d'amande douce. Chaque dosage dépend de chaque huile, mais dans le doute, n’hésitez pas à beaucoup diluer (1/10e du mélange par exemple). Si vous comptez vous exposer au soleil, évitez les huiles essentielles d’agrumes (citron, bergamote, orange, pamplemousse, mandarine…) et de verveine, car elles peuvent faire apparaître des taches. Enfin, il est recommandé de commencer par s’appliquer un tout petit peu de votre mélange sur le pli du coude avant une application massive, pour vérifier que vous n’êtes pas allergique.
" La dénomination précise est très importante "
Quels sont les autres modes d’administration ? Les huiles essentielles peuvent également se consommer par voie orale. Mais il faut, là encore, observer la plus grande prudence. Contentez-vous d’une ou deux gouttes dans du miel, sur un morceau de sucre ou dans du pain. On peut également les boire en tisane mais évitez de le faire vous-même si vous n’êtes pas spécialiste : les huiles essentielles se mélangent mal dans l’eau et une eau trop chaude peut dissiper les vertus.
Certaines huiles essentielles se diffusent aussi dans l’air, pour embaumer une pièce ou chasser les microbes. Mais assurez-vous d’avoir un diffuseur prévu à cet effet, acheter dans une boutique "bio" ou "nature". Par ailleurs, les huiles essentielles du thym à thymol, de la sarriette, du girofle, de la cannelle et de l’origan compact ne sont absolument pas prévues pour ça.
En cas de rhum ou de sinusite, vous pouvez également inhalez de l’huile essentielle d’eucalyptus. Une ou deux gouttes dans un bol d’eau chaude, dont vous respirez les vapeurs, suffisent. Mais attention : l’huile essentielle d’eucalyptus est totalement déconseillée aux enfants (lire encadré).
Enfin, si vous souhaitez en mettre dans votre bain, redoublez de vigilance : diluez d’abord dans une cuillère à soupe de lait ou un peu d’alcool à 90. Et contentez-vous de 15/20 gouttes pour 180 litres d’eau.
Attention à la dénomination ! Pour éviter les surprises (une allergie à un produit inconnu, par exemple), vérifiez bien l’étiquette. Pour s’assurer d’une huile essentielle 100% pure et naturelle, fiez-vous à l’acronyme H.E.B.B.D, pour "huile essentielle botaniquement et biochimiquement définie". Privilégiez également les flacons avec le nom en latin, car il est gage de précision. L’eucalyptus globuleux (globulus) est différent de l’eucalyptus citronné (citriodora), par exemple : l’un est utilisé pour la toux, l’autre a des vertus anti-inflammatoires.
"La dénomination précise est très importante, parce que, derrière une même espèce, les huiles essentielles peuvent être chimiquement différentes", insiste le docteur Serge Michalet, co-responsable du diplôme Plantes médicinales, phytothérapie et aromathérapie à la faculté de pharmacie de Lyon, interrogé par metronews en 2015. Pour une introduction, plusieurs guides existent, à l’instar de Ma bible des huiles essentielles, de Danièle Festy (Leduc Editions), du Bon usage des huiles essentielles, de Pierre Manour (Editions Jacques Granche) ou du Guide pratique d'aromathérapie familiale et scientifique, de Dominique Baudoux (Amyris).
Enfants, femmes enceintes, publics sensibles
De manière générale, les huiles essentielles sont déconseillées pour les enfants, les femmes enceintes et allaitantes et les personnes présentant des difficultés respiratoires. Pour les enfants, l’Agence française de sécurité sanitaire sur les produits de santé (Afssaps) met particulièrement en garde contre trois huiles essentielles : le camphre, le menthol et l'eucalyptol. "Mais il est parfois difficile de savoir quels produits contiennent effectivement ces molécules. Certaines huiles contenant le mot ‘camphre’ ne contiennent, par exemple, pas de camphre. A l'inverse, l'eucalyptol entre dans la composition d'huiles essentielles courantes autres que celle de l'eucalyptus, comme la lavande aspic", prévient 60 Millions de consommateurs.