Un père de famille et son fils, qui avaient travaillé pour l'organisation djihadiste État islamique en Syrie avant de rentrer en France dans des conditions qui posent question, ont été condamnés vendredi soir à huit et dix ans d'emprisonnement.
Dix ans pour le père, huit ans pour le fils. "Pas convaincu" par sa version de l'histoire, le tribunal correctionnel de Paris a condamné Lotfi S., Franco-Tunisien de 50 ans, à la peine maximale, dix ans assortis d'une période de sûreté des deux tiers. Son fils aîné Karim, 23 ans, a été condamné à huit ans avec période de sûreté de moitié, le tribunal tenant compte de son "évolution" encourageante, de son jeune âge alors, et de "l'ascendant" qu'exerçait son père sur lui. Dans le box où ils comparaissaient depuis jeudi pour association de malfaiteurs à visée terroriste, père et fils, côte à côte, n'ont pas bronché.
Le cadet jugé ultérieurement. Le parquet avait pointé "l'ambivalence", la "dangerosité extrême" de Lotfi S., estimé qu'il était "trop tôt" pour avoir des "gages sur la réinsertion" de Karim, et requis la peine maximale pour tous deux. Lotfi, Karim S. et le cadet, un lycéen alors âgé de 15 ans qui sera jugé ultérieurement, ont passé dix-huit mois en Syrie entre octobre 2013 et mai 2015, en grande partie au sein de l'organisation État islamique (EI).
Toute la lumière n'a pas été faite. Si les conditions de leur retour en France en 2015, sujet de "vives inquiétudes" pour les enquêteurs, demeurent troublantes, l'audience n'aura pas permis de faire toute la lumière sur ce point. Ils étaient rentrés bardés de milliers d'euros et de dollars, d'un grand nombre de fichiers de propagande, mais aussi d'une abondante documentation relative au pilotage d'avions ou à la fabrication d'explosifs. Des recherches Google Maps sur l'emplacement de la Tour Eiffel et du pont d'Iéna à Paris avaient aussi été identifiées.