L'humanité doit faire "la paix" avec la nature et la France doit montrer la voie pour stopper l'effondrement de la biodiversité qui menace notre survie, a plaidé vendredi Nicolas Hulot en lançant ses premières pistes en la matière. Nature empoisonnée, sols bétonnés, hécatombe d'abeilles ou d'oiseaux... Le ministre de la Transition écologique veut hisser la question de la biodiversité au même plan que celle du climat, et souligne que le combat pour l'un n'ira pas sans l'autre.
"L'heure de vérité" a sonné. "La société française doit maintenant être une société qui prend soin de la nature. La nature a besoin qu'on lui déclare la paix", a déclaré l'ancien militant lors d'un discours prononcé à Marseille, où il a lancé sa stratégie nationale de mobilisation pour la biodiversité, qui doit aboutir en juillet à un plan interministériel pour protéger un patrimoine français particulièrement riche, avec plus de 16.500 espèces endémiques (à 80% en outre-mer).
Alors que la disparition d'espèces animales s'accélère et met en péril l'humanité, "l'heure de vérité" a sonné, et la France doit rentrer dans une démarche de réparation de la nature, a poursuivi Hulot, très attendu par les associations de défense de l'environnement sur ce sujet. "Je veux aujourd'hui (...) lancer ce cri de mobilisation générale. Chacun doit prendre sa part de responsabilité et on ne doit pas prendre ça comme une tâche insupportable, ce que l'on donne à la nature, elle vous le rend mille fois", a-t-il plaidé.
La nature se meurt en silence. Les oiseaux ne chantent plus, les abeilles se font rares, et nos enfants ne verront certaines espèces que sur leurs écrans d’ordinateurs.
— Nicolas Hulot (@N_Hulot) 18 mai 2018
je lance le plan biodiversité à Marseille pour refuser la résignation. #biodiversité2020pic.twitter.com/zE3rniqIj1
"Devenir des réparateurs de vivant". Comme pour la fin des moteurs thermiques, programmée pour 2040, le ministre a fixé un objectif de long terme, "que nous soyons capables (...) à l'horizon 2030 de ne plus contribuer à détruire la nature, mais de devenir des réparateurs de vivant". "Il faut voir grand, ce n'est pas une question d'ambition, c'est une question de survie", a-t-il ajouté, en lançant une consultation publique, ouverte sur internet jusqu'au 7 juin (www.consultation-plan-biodiversite.gouv.fr). Les détails du plan seront fixés lors d'un comité interministériel, façon de montrer que tous les ministres sont concernés par l'impératif de protection de la nature.
Objectif "zéro artificialisation nette des sols". Nicolas Hulot souhaite favoriser le retour de la nature dans la ville, "dans un monde où le virtuel s'est substitué au réel". Il fixe également un objectif "zéro artificialisation nette des sols", en arrêtant "rapidement (notre) consommation insoutenable des terres agricoles". Le ministre veut aussi "mobiliser les acteurs économiques, dont nous avons absolument besoin pour protéger la biodiversité", y compris via des modifications de la Politique agricole commune.
De nouvelles réserves naturelles. La France va aussi "protéger les espaces et les espèces" en créant "de nouvelles aires et réserves naturelles, ou en les agrandissant "le plus possible". Sans attendre ce plan, Nicolas Hulot s'est déjà penché depuis un an au chevet de deux espèces emblématiques : le loup et l'ours. Le ministre a également présenté un "calendrier diplomatique international qui va jalonner les trois prochaines années" en France : réunion au printemps 2019 de la séance plénière de l'IPBES (Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les systèmes écosystémiques), G7 dont l'un des sujets principaux sera la biodiversité, et réunion à Marseille du Congrès mondial de la nature en 2020. Une réunion majeure de l'ONU est prévue la même année en Chine.
Le Congrès mondial de la nature organisé à Marseille en 2020. Le prochain rendez-vous international des acteurs de la biodiversité, le Congrès mondial de la nature, se tiendra en 2020 à Marseille, ont annoncé vendredi les organisateurs en présence de Nicolas Hulot. "Marseille est l'endroit parfait pour un événement qui réunit toute une communauté qui travaille à préserver la nature et sa diversité", a déclaré Inger Andersen directrice générale de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). La cité phocéenne était la seule ville candidate. Plusieurs centaines de participants, gouvernements, ONG, secteur privé, représentants des peuples autochtones ou scientifiques issus de 160 pays sont attendus pour l'événement qui doit déboucher sur des décisions communes pour la protection de la nature.