Manuel Valls a appelé mardi à "éviter" que les djihadistes français détenus en Irak "rentrent en France, hommes ou femmes, quelle que soit l'issue", même si "on peut intervenir auprès des autorités irakiennes" pour que, le cas échéant, la peine de mort "ne soit pas appliquée".
"Une forme de déchéance de nationalité". Pour l'ancien Premier ministre, ces djihadistes ne doivent pas être jugés en France, même s'ils risquent la peine de mort en Irak. "Nous devons éviter qu'ils rentrent en France, hommes ou femmes, quelle que soit l'issue", a-t-il affirmé sur BFMTV et RMC, ajoutant que "d'une certaine manière nous appliquons, sans le dire, une forme de déchéance de la nationalité".
"Comme le terrorisme nous fait la guerre, là on est dans un moment particulier où je pense que nous devons être intransigeants, très clairs", a-t-il développé. "C'est difficile à assumer, mais il faut le faire. Il ne faut pas le faire de manière hypocrite, nous savons ce qui se passe en Irak, nous savons quelle est la justice irakienne".
Demander de ne pas appliquer la peine de mort. "Je pense qu'on peut intervenir auprès des autorités irakiennes pour que cette peine de mort ne soit pas appliquée, mais c'est déjà extrêmement compliqué, c'est un pays souverain", a estimé le député (ex-PS devenu apparenté LREM) de l'Essonne. "Je reconnais qu'il y a une confrontation juridique, voire quasi philosophique, entre ce que représentent comme danger pour nous ces terroristes et la question de la peine de mort", a-t-il ajouté.
Les détenus radicalisés, de véritables "bombes à retardement". Interrogé sur la situation dans les prisons, au 9ème jour du mouvement de blocage par les surveillants, déclenché par l'agression de gardiens par un détenu djihadiste, Manuel Valls a par ailleurs estimé que les détenus radicalisés représentaient "une véritable bombe à retardement". On est passé de "700 détenus considérés comme radicalisés" en 2015 à 1.500 début 2018, a-t-il souligné, "et on voit bien que ça va progresser".
Privilégier "la prévention à l'égard des plus jeunes". "Tous les spécialistes vous disent que ceux qui sont dans ce processus de radicalisation n'en sortiront pas", a-t-il affirmé, plaidant plutôt pour "la prévention de la radicalisation, notamment en milieu carcéral, à l'égard des plus jeunes". "Il faut rendre au maximum hermétique le lien possible entre radicalisés et ceux qui ne le sont pas", a déclaré l'ex-Premier ministre qui croit "à des petites unités hermétiques, décentralisées, déconcentrées, spécialisées, avec des gardiens -ils le sont- formés".
Un "besoin de reconnaissance" pour les surveillants. Manuel Valls a également estimé que les gardiens de prison "ont besoin de reconnaissance, d'empathie (...) ils ont évidemment aussi une attente en matière rémunération, de primes, de formation (...) ce travail doit être évidemment fait". "Nous avons peut-être perdu, les uns et les autres, il faut le reconnaître, beaucoup de temps par rapport à une profession qui souffre (...) peut-être d'abord d'un manque de considération", a-t-il dit.