Près de 7 Français sur 10 en télétravail craignent d'augmenter leur consommation d'alcool. 1:35
  • Copié
Laura Taouchanov, édité par Jonathan Grelier
Selon une étude dévoilée jeudi, le télétravail est susceptible d'exposer plus largement les salariés et leurs managers à des pratiques addictives. De l'alcool au cannabis, celles-ci sont nombreuses. "Le télétravail est épouvantable parce qu'il n'y a plus de barrières", témoigne Patrick, jeudi sur Europe 1.

Une étude inquiétante a été publiée jeudi sur les conséquences du télétravail, très répandu en raison du Covid-19. Menée par Odoxa pour le cabinet GAE Conseil et révélée par Le Parisien, elle souligne que travailler chez soi expose les salariés déjà fragilisés à un danger supplémentaire de pratiques addictives. Alcool, tabac, cannabis... 41% des salariés et 47% des managers affirment que les pratiques addictives sont encore plus fréquentes que d'habitude dans une situation de télétravail. "Le télétravail, pour moi, est épouvantable, parce qu'il n'y a plus de barrières", témoigne Patrick, jeudi sur Europe 1.

"Si vous devez retaper quatre fois le mot, personne ne s'en rendra compte"

Privé de ses collègues lors du premier confinement, ce cinquantenaire a vu son addiction à l'alcool s'aggraver avec le télétravail. "Quand vous êtes derrière un ordinateur à taper sur un clavier, si vous devez retaper quatre fois le mot, personne ne s'en rendra compte", explique-t-il. "Un jour, j'ai été à une première visioconférence dans un état pas très bon. À la deuxième visioconférence, je n'étais pas là. Et à la troisième, je n'étais pas là non plus."

Se forcer à appeler des gens pour rompre l'isolement

Selon l'étude, près de 7 Français sur 10 en télétravail craignent ainsi une augmentation de leur consommation d'alcool. Pour éviter ces addictions, Ariane Pommery de Villeneuve, qui s'occupe de patients alcooliques à l'hôpital Bichat à Paris, donne un conseil : "C'est se forcer à appeler des gens." Car pour elle, avec le télétravail, "le lien social diminue, or l'addiction c'est la maladie du lien". "Je vois bien que dans mes accompagnements, les patients, une fois qu'ils ont parlé, me disent systématiquement que ça a fait diminuer leur envie de consommation", ajoute-t-elle.

Reste que dans des situations plus délicates, pour s'en sortir, il faut aussi se faire aider. Une autre source d'inquiétude alors que les addictions se détectent moins facilement à distance.