Il y a-t-il une plus grande sensibilité à la violence ? Réponse avec Michel Wieviorka

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Laura Laplaud

Invité d'Europe Matin vendredi, le sociologue Michel Wieviorka a répondu aux questions de Lionel Gougelot. Violences, mouvements sociaux, légitimité des gouvernants, déclinisme... L'auteur de "Métamorphose ou déchéance. Où va la France ?" dresse son constat de la société française.

"La violence a reculé dans au moins deux domaines : les violences subies par les femmes et dans les institutions, regardez ce qui s'est passé pour l'Eglise catholique avec la commission Sauvé ", a déclaré Michel Wieviorka , sociologue, auteur de Métamorphose ou déchéance. Où va la France ? aux éditions Rue de seine, sur Europe 1.

Le pouls de la violence

"On est dans une société qui n'est plus capable de construire des mouvements de contestation susceptibles d'aboutir à des négociations", affirme-t-il au micro de Lionel Gougelot. "On a eu les gilets jaunes , ils ne voulaient pas négocier ou ne savaient pas négocier, c'est un mouvement horizontal."

Le problème est que bien souvent ces mouvements peuvent se terminer dans la violence. "Je voudrais qu'on soit prudent sur le thème de la violence parce que d'un côté, oui, quand il n'y a pas les médiations, ça ouvre l'espace de la violence. Mais il faut regarder aussi la face positive des évolutions de notre pays : la violence a reculé dans au moins deux domaines. Elle a reculé en ce qui concerne les violences subies par les femmes, et deuxièmement, elle a reculé aussi là où elle était dans le temps, recouverte par le secret des institutions. Regardez ce qui s'est passé pour l'Église catholique avec la commission Sauvé."

Concernant les nouvelles mesures sanitaires , le sociologue remet en cause la légitimité des gouvernants. "Les citoyens n'ont pas beaucoup de choix, ils voient bien qu'il y a une question de vie ou de mort mais je m'inquiète des restrictions des libertés dans la mesure où elles risquent d'être durables", concède-t-il.

Le déclinisme

Autre constat que Michel Wieviorka étudie dans son dernier ouvrage, celui du déclinisme, ce sentiment ambiant qui par ailleurs nourrit le vote des électeurs en faveur des extrêmes. "Je fais des constats, bien sûr, mais je ne suis pas décliniste", précise-t-il au micro d'Europe 1. "Je ne me vôtre pas dans l'idée que nous sommes en déclin, j'y résiste en quelque sorte. Donc, à partir de là, il faut réfléchir à comment sortir de cette situation qui est quand même pas une situation catastrophique, et même une situation difficile et préoccupante."

"Je constate qu'il y a beaucoup de méfiance dans notre pays et ce n'est pas récent, depuis au moins une vingtaine d'années. Beaucoup de haine aussi. Il faut donc réfléchir à la façon dont nous pouvons nous projeter vers l'avenir, un peu plus sur le long terme", conclut-il sur ce sujet.