«Ils n'ont pas agi» : à Rillieux-la-Pape, le vote sanction se dessine alors que l'usine de Javel va fermer ses portes

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Jean-Luc Boujon (à Rillieux-la-Pape) // Crédit photo : Europe 1

Près de deux semaines après la dissolution de l'Assemblée nationale, Emmanuel Macron s'est adressé aux Français dans une lettre publiée dans la presse. L'occasion pour lui de vanter son bilan économique. Mais Rillieux-la-Pape, ou la dernière usine de Javel du pays va fermer, le ressentiment envers le pouvoir est immense. Le vote sanction fait son chemin dans les esprits. 

"La manière de gouverner doit changer". Ce week-end, le chef de l'État Emmanuel Macron a adressé, dans la presse régionale, une longue lettre aux Français . L'occasion pour lui de revenir sur la dissolution de l'Assemblée nationale, "seul choix possible", mais aussi de vanter son bilan. Attractivité, croissance, création de milliers d'emplois... Mais à Rillieux-la-Pape , dans le Rhône, cette satisfaction affichée ne convainc pas. 

De belles paroles

Dans cette petite commune proche de Lyon, la dernière usine de production d'eau de Javel du pays va fermer. Près 104 salariés sur le carreau alors que le site est rentable. Une fermeture qui mettrait fin à une histoire vieille de 120 ans.

Pourtant, depuis plusieurs mois, les politiques se sont succédé au chevet de l'usine d'eau de Javel. Même le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, avait soi-disant placé le dossier en haut de la pile sur son bureau de Bercy. Mais les 104 salariés comme Kamel et Agostino n'ont rien vu venir. "Ils ont parlé, mais ils n'ont rien fait, ils n'ont pas agi", s'agace Kamel au micro d'Europe 1. 

Redresser la barque

"Soi-disant, il y avait des repreneurs et pourtant, voilà le résultat : on n'a rien eu", complète Agostino. Alors, pour les employés du site, la tentation est grande pour certains de se servir des législatives pour sanctionner le pouvoir actuel. "Je vais avoir un vote sanction parce que, ce sont des paroles en l'air tout ce qu'ils disent", estime Philippe. "C'est sûr et certain. Parce que le gouvernement ne fait pas de choses sérieuses, surtout pour l'ouvrier", poursuit-il. 

"Pour moi, il y a sûrement quelqu'un qui est capable de redresser la barque et d'avancer. Donc moi, je vais bien réfléchir avant de mettre mon bulletin dans l'urne", ajoute Jean, également employé dans l'usine. Des salariés amers, visiblement prêts pour un changement radical dimanche prochain.