"On n'en a pas assez fait" pour éradiquer l'habitat insalubre, a reconnu dimanche le maire de Marseille Jean-Claude Gaudin (LR), près d'une semaine après l'effondrement de deux immeubles qui ont fait 8 morts dans la cité phocéenne. "On n'en a pas assez fait parce que c'est compliqué, parce qu'on ne nous laisse pas manœuvrer, et donc il est clair que l'insalubrité existe encore", a développé l'élu, aux manettes de la ville depuis 22 ans, lors d'une conférence de presse à l'Hôtel de ville. "Il faut qu'on s'attache à faire des efforts sérieux de ce côté-là", a-t-il ajouté.
Le maire exclut toute démission. Une note confidentielle de l'Agence régionale de santé révélée par Le Monde étrille le service communal d'hygiène et de santé (SCHS) de la ville de Marseille, jugeant que ses agents ont tendance à "sous-évaluer" les dysfonctionnements dans les immeubles et à "minimiser" leur impact sur la santé des habitants. Jean-Claude Gaudin, interrogé par la presse sur cette note, a assuré que la mairie allait "renforcer ce service-là". Tout en reconnaissant les failles de la mairie sur l'habitat insalubre qui menace la santé des occupants, le maire a estimé, concernant les immeubles en péril, que "dès que nous sommes alertés, nous prenons (...) les arrêtés de péril". Durant la conférence de presse, le maire a une nouvelle fois écarté la possibilité d'une démission, martelant "je ne fais pas tout bien, j'en suis sûr mais je suis là et je reste là !"
40.000 logements indignes. Le maire de Marseille a aussi expliqué avoir préféré ne pas participer à la marche blanche de samedi, en hommage aux 8 victimes de la rue d'Aubagne : "Ma présence peut-être aurait pu provoquer des tensions". La marche blanche organisée par les familles et les proches des victimes a réuni 8.000 personnes selon la police, "une marée humaine" selon les organisateurs. Tout au long de la semaine, les critiques à l'égard de la gestion de Jean-Claude Gaudin n'ont cessé de croître. Un rapport remis en 2015 au gouvernement faisait état de 40.000 logements indignes à Marseille, menaçant la sécurité de près de 100.000 habitants (Marseille en compte plus de 860.000, selon l'Insee). Une enquête a été ouverte et confiée à la police judiciaire pour déterminer les circonstances exactes de la catastrophe et d'éventuelles responsabilités.