Comment des bougies d'anniversaire ont-elles pu embraser aussi rapidement le sous-sol d'un bar et prendre au piège une vingtaine de personnes, dont 13 ont perdu la vie ? L'enquête se poursuit dimanche, au lendemain du drame de Rouen, ville sous le choc où les hommages aux victimes se multiplient.
De nombreuses interrogations. Face à l'emballement des interrogations et à l'incompréhension générale sur les circonstances et l'ampleur du drame, le vice-procureur de Rouen Laurent Labadie en charge du dossier, tente de procéder "dans l'ordre", a-t-il expliqué dimanche. Il devait faire le point à l'Hôtel de police dimanche avec les enquêteurs.
L’identification des victimes terminée. L'identification des victimes achevée, des autopsies vont se dérouler sur au moins quatre jours la semaine prochaine. Des médecins légistes ont dû interrompre leurs vacances. Sur les sept blessés, six sont rentrés chez eux dès samedi. Le pronostic vital d'une jeune femme, toujours hospitalisée au service des grands brûlés, est en revanche encore engagé.
Un rapport sur l'incendie attendu la semaine prochaine. Dans le même temps, l'enquête va se concentrer sur l'établissement "Au Cuba Libre", bar très prisé de la rive sud de Rouen. Un expert en incendie a fait ses constatations samedi et doit remettre son rapport écrit la semaine prochaine. Il aura une importance capitale pour la suite de la procédure. La première interrogation porte en effet sur la propagation très rapide de l'incendie. "Il y a des questions qui se posent sur les matériaux (garnissant la salle) et les conséquences de leur exposition au feu", pointe le vice-procureur.
Une issue de secours au sous-sol ? Le rapport de l'expert devra aussi éclairer les enquêteurs sur les issues de secours. Selon des habitués du bar, il y avait une porte de secours dans le sous-sol mais qui débouchait ailleurs que dans l'avenue Jacques Cartier. Mais les participants à la fête d'anniversaire auraient-ils pu l'emprunter ? "Il est possible qu'il y en ait une mais je ne l'ai pas vue quand je me suis rendu sur les lieux, tout était recouvert de suie", reconnaît le vice-procureur.
Un escalier "très étroit". Quant à l'escalier "très étroit et raide" entre le rez-de chaussée et le sous-sol, "on peut comprendre qu'une personne ait pu chuter en le descendant avec un gâteau dans les mains", a expliqué Laurent Abadie.
Vers une enquête pour "homicide involontaire" ? Autre question : la nature des bougies sur le gâteau. "On évoque des longues bougies, genre feux de Bengale, qui font des étincelles", dit-il. Ce sont les projections de ces bougies qui ont enflammé le plafond bas du sous-sol, recouvert d'un isolant phonique, lors de la chute de la personne qui portait le gâteau. Le rapport de l'expert et le résultat des différents interrogatoires par les enquêteurs des témoins - certains, trop choqués n'ont pu encore être entendus - est susceptible de changer la nature de l'enquête, ouverte pour "recherches des causes de la mort". Il est possible que "l'on bascule sur une enquête pour homicide involontaire par imprudence avec saisie d'un juge d'instruction, mais ce n'est pas l'état juridique de l'enquête qui est menée pour l'instant", a insisté le vice-procureur.