L'homme arrêté dans l'enquête sur les explosions et incendies qui avaient touché deux cuves d'un site pétrochimique à Berre-l'Etang, dans les Bouches-du-Rhône, le 14 juillet 2015, sans faire de victime, "aurait agi seul et sans motivation terroriste", a déclaré vendredi la procureure d'Aix Dominique Moyal. A ce stade de l'enquête, "rien ne nous amène à dire qu'il s'agit d'un acte terroriste, c'est même plutôt l'inverse", a déclaré Dominique Moyal à propos du suspect, également mis en examen pour des attaques de distributeurs de billets à l'explosif. L'individu, un Franco-tunisien de 34 ans, n'a pas d'antécédents judiciaires, sauf un délit routier, et aucune activité politique.
Il n'a pas voulu porter atteinte aux personnes. Il a reconnu les faits spontanément. Il "insiste pour dire qu'il n'a jamais voulu porter atteinte aux personnes, qu'il n'était pas du tout dans l'optique d'une action spectaculaire pour tuer en masse", a ajouté Dominique Moyal, lors d'une conférence de presse. "Il donne des explications qui, pour l'instant, sont assez floues et un peu incompréhensibles", a poursuivi Dominique Moyal. "Son discours n'est pas celui d'une personne qui aurait voulu faire une attaque dans le but avéré de nuire aux intérêts de la France", a encore ajouté la magistrate : il "met en avant les positionnements de certains pays étrangers sur lesquels il aurait voulu alerter la France".
"Au stade actuel, rien ne permet de le relier de façon formelle à un groupe" terroriste, et l'incendie "n'a pas été revendiqué", a-t-elle encore déclaré. Le trentenaire a été retrouvé après une attaque à l'explosif ayant visé un distributeur automatique de billets à Aix-Les Milles la semaine dernière, a expliqué Dominique Moyal : "nous avons pu relier deux affaires, et identifier un individu".
Le rappel des faits. Le 14 juillet 2015 à 3h, deux explosions avaient eu lieu sur le site pétrochimique du groupe LyondellBasell et avaient entraîné l'incendie de deux grosses cuves contenant des produits inflammables. Le premier incendie avait été maîtrisé vers 6h, le deuxième - touchant une cuve de naphta à la contenance beaucoup plus importante -, cinq heures plus tard, après avoir dégagé un impressionnant panache de fumée noire visible à des kilomètres à la ronde pendant plusieurs heures.
La piste accidentelle avait été rapidement écartée par les enquêteurs, qui avaient notamment découvert à proximité de la plus petite cuve, proche du grillage qui entoure l'enceinte, du "matériel qui pourrait s'apparenter à un dispositif de mise à feu avec ou non l'utilisation d'explosifs", avait expliqué deux jours après les faits la procureure d'Aix-en-Provence. Un autre dispositif du même type avait été découvert sur le couvercle d'une troisième cuve, mais n'avait pas provoqué l'explosion et l'incendie sans doute attendus. Quatre jours après cette double explosion, le gouvernement avait annoncé un audit de la sécurité et de la sûreté des sites industriels sensibles.