La France compte 5,1 millions de riches, selon un rapport de l'Observatoire des inégalités publié mardi qui tente d'esquisser un portrait des classes aisées et propose de définir un "seuil de richesse", équivalent au double du revenu médian.
"La France des privilégiés se porte bien", affirment les auteurs de ce rapport, qui ont voulu pour la première fois faire de la richesse un objet d'étude statistique - la pauvreté étant, elle, plus couramment étudiée et mesurée.
La France est l'un des pays où les riches sont les plus riches d'Europe. Finalement, les impôts n'ont pas l'air de les gêner tant que ça. ⤵️https://t.co/02THnru6Uypic.twitter.com/lBAvAN07MV
— Observatoire des inégalités (@Obs_ineg) June 9, 2020
La part de riches estimée à 8,2%
En plaçant son "seuil de richesse" à deux fois le revenu médian - soit 3.470 euros par mois, après impôt, pour une personne seule, et 7.287 euros par mois pour un couple avec deux enfants -, l'observatoire estime à 8,2% la part de riches en France.
Ce revenu de 3.470 euros n'est "qu'un seuil d'entrée dans le club des privilégiés: au-delà, les chiffres s'envolent", soulignent les auteurs. "Oui, les riches sont très riches en France, même après avoir payé leurs impôts. Ils le sont même plus qu'ailleurs en Europe : hormis la Suisse, la France est le pays où le 1% le plus aisé a le niveau de vie le plus élevé", insiste l'observatoire.
"Une distribution des richesses trop inégale"
La richesse peut aussi être vue à travers le prisme du patrimoine. Les auteurs du rapport, Anne Brunner et Louis Maurin, proposent pour cela un seuil correspondant à trois fois le patrimoine brut médian (dettes non déduites): sous cet angle, la France compte 4,6 millions de riches, détenant un patrimoine brut supérieur à 490.000 euros.
"Au sein du 'club des riches', les inégalités sont énormes", concèdent les auteurs, qui s'attendent à voir contester le seuil qu'ils proposent, car "en France, les riches, c'est toujours les autres".
Ils plaident toutefois pour une vision de la richesse qui ne se cantonne pas aux très grosses fortunes. Ce serait selon eux "rendre invisible une catégorie de la population un peu moins aisée" qui préfère considérer qu'elle fait partie des "classes moyennes supérieures" pour mieux "se dédouaner de la solidarité" envers les classes moyennes et inférieures.
À travers cette étude, il ne s'agit pas de "détester les riches", mais de constater "une distribution des richesses souvent trop inégale pour être juste", insistent les auteurs.