Emploi, salaire, éducation, mode de vie... L'Observatoire des inégalités a rendu public mercredi son rapport annuel, qui "met en évidence les écarts qui existent entre milieux sociaux dans notre pays." Son directeur Louis Maurin estime pourtant au micro de Nikos Aliagas que le modèle social français reste bon, mais qu'un sentiment de décalage avec les politiques se fait jour.
Un sentiment de "décalage"
Ce sentiment s'exprime notamment dans le mouvement des "gilets jaunes", qui a commencé sept mois plus tôt. "Peu de gens l'ont prévu", reconnaît Louis Maurin. "Mais nous, on a l'impression que ça fait 15 ans qu'on parle de cette fracture sociale, de ce ressentiment d'une partie des catégories moyennes et populaires. On n'a certainement pas le pire modèle social [en France], mais on a un sentiment de décalage. On [l'État] tient un discours très fort sur les inégalités mais que fait-on concrètement ?", regrette le directeur de l'Observatoire.
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"Il faut faire des choses pour tout le monde"
S'il n'y a pas eu ces dernières années une réelle explosion des inégalités, "sur une plus longue période, les plus riches sont de plus en plus riches et les revenus des plus pauvres et des classes moyennes stagnent", détaille-t-il. C'est pourquoi Louis Maurin plaide pour "une mobilisation forte pour raccommoder la France mais de façon universelle. Il faut faire des choses pour tout le monde et pas seulement pour les catégories populaires."
Prenant l'exemple de la réduction des effectifs dans les classes des zones d'éducation prioritaire, il explique que cela ne représente qu'un cinquième des élèves. "Or les trois-quarts des élèves des catégories défavorisées ne vivent pas dans ces territoires prioritaires." Pour Louis Maurin, il s'agit donc d'un problème global et pas seulement celui d'une classe sociale.
"On a les moyens de changer la société mais il faut de la volonté politique"
Et pour le directeur de l'Observatoire des inégalités, la France à les moyens de prendre des mesures. "On a calculé qu'avec six milliards d'euros, soit l'équivalent des baisses d'impôt sur la fortune, on aurait les moyens de proposer un revenu qui permettrait de ne plus avoir de pauvres à 860 euros pour une personne seule [seuil de pauvreté]. C'est toujours mieux que le RSA à 500 euros. On a les moyens de changer la société mais il faut de la volonté politique", conclut-il.