Très actif sur les réseaux sociaux, Bruno Attal l’aurait beaucoup moins été au cours de la carrière de gardien de la paix. Selon sa hiérarchie, le secrétaire général adjoint du syndicat "France Police – Policiers en colère", crédité de 3,06 % des votes lors des dernières élections professionnelles, a passé près de la moitié de sa carrière en arrêt maladie ou en formation.
Ce lundi, Bruno Attal a annoncé sur les réseaux sociaux avoir été révoqué par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. L’accusant d’être un "menteur", il dit avoir saisi le tribunal en référé, annonçant même qu’il sera bientôt réintégré. Après la mort de Nahel, le syndicat avait tweeté : "Je préfère voir une racaille morte qu’un policier mort. Chacun son électorat !". Un signalement sur la plateforme Pharos, contre les dérives en ligne, avait été réalisé.
Selon les informations recueillies par Europe 1, l’inspection générale de la police nationale (IGPN), la "police des polices", s’est intéressée de près aux années de service du gardien de la paix Bruno Attal, passé en conseil de discipline au début de l’année. Il a cumulé 2.568 jours d’absence, selon l’administration, entre son entrée dans la police en 1999 et 2021, année à laquelle il a rejoint le syndicat comme détaché permanent.
Absent la moitié de sa carrière
Selon l’évaluation de son supérieur, Bruno Attal s’est "principalement distingué par ses absences cumulées au sein de ses différents services d’affectation", écrit-il dans une note qu’Europe 1 a consultée. Ainsi, toujours selon le décompte de l’administration, il a cumulé 100 jours de congés "suite à un accident ou trajet", 365 jours "de congés de formation professionnelle" et 2.102 jours de "congés de maladie ordinaire". Soit en jours de travail ouvrés l’équivalent de 11 années d’activité. Autrement dit, la moitié de sa carrière.
Compte tenu de ces différentes absences, il n’a pas pu être noté par sa hiérarchie depuis 2017, en référence à l’année 2016 où il venait d’être affecté au centre de rétention administrative de Nice. Si son supérieur à l’époque estimait qu’il "avait su parfaitement s’adapter à ses nouvelles fonctions au sein de la [police aux frontières] en faisant preuve de discernement […], il l’encourageait à ne pas se laisser perturber par sa situation personnelle qui le déstabilisait parfois au détriment de sa disponibilité", rapporte la police des polices.
Un autre supérieur notait qu’en "dépit de son ancienneté, il n’a jamais démontré de qualités professionnelles particulières, ni fait partie des éléments moteurs de l’unité".
Une erreur de l’administration ?
Contacté il y a quelques mois par Europe 1, l’intéressé assurait que l’administration s’était trompée. "Ils ont pris en compte dans leur calcul mes deux années de disposition alors que je ne faisais plus partie des effectifs. Ils ont même inventé des arrêts maladie, c’est n’importe quoi", expliquait avant son conseil de discipline Bruno Attal qui s’était effectivement mis en retrait de la police pendant deux ans pour lancer sa propre activité professionnelle. Par ailleurs, il estimait que ce calcul était "totalement faussé" et concluait : "Je réfléchis à la possibilité de porter plainte contre l’administration pour cette erreur".
Désormais, celui qui se présente comme "policier en attente de réintégration" entend devenir journaliste au sein de sa plateforme "Touche pas à mon flic". Un policier considéré comme médiocre par sa hiérarchie fera-t-il un bon journaliste ?