La neuvième journée de mobilisation contre la réforme des retraites se déroule dans un contexte inédit : c'est la première depuis l'adoption, lundi au forceps, du projet de loi par le Parlement. Pour ce jeudi, entre 600.000 et 800.000 personnes sont attendues dans la rue, dont 40.000 à 70.000 personnes à Paris, par les services de renseignement. Entre 800 et 1.200 Gilets jaunes et éléments radicaux pourraient d'ailleurs se greffer au mouvement. Un nouveau jour de contestation que beaucoup de forces de l'ordre appréhendent.
Depuis une semaine, la plupart doivent tous les soirs se déployer dans les centres-villes des métropoles pour faire face à des attroupements sauvages. Et ce jeudi pourrait être marqué par des débordements. Effectivement, selon les informations recueillies par Europe 1, les services de renseignement redoutent une mobilisation plus radicale dans son mode d’action. Un "esprit de dernier baroud", qualifie le renseignement parisien dans une note qu'Europe 1 s'est procurée.
Arrivée de jeunes perturbateurs dans les cortèges
Ce document montre que la physionomie de la mobilisation change. Jusqu'à présent, les jeunes mobilisés étaient très politisés, la plupart étaient activistes ou militants. Mais depuis quelques jours, les policiers observent l’arrivée dans le conflit de jeunes perturbateurs, sans revendication politique particulière. Ils s’agrègent aux manifestations pour commettre des exactions et affronter les forces de l’ordre. Une jeunesse perçue par le renseignement comme "galvanisée par les occupations de voie publique".
Les lycéens, concentrés sur les épreuves anticipées du baccalauréat qui se sont terminées mercredi vont aussi gonfler les cortèges, tout comme les collectifs féministes, écologistes et de sans-papiers. De leur côté, les Gilets jaunes sont "grisés par le climat insurrectionnel", selon les termes du renseignement.
Enfin, la dernière crainte est à trouver du côté des syndicats. Les organisations s’inquiètent de la flambée de violences qui pourrait éloigner les familles des cortèges, et laisser la rue aux radicaux. Au risque de voir le mouvement leur échapper au profit des grévistes les plus jusqu’au-boutistes.