Les radars automatiques sont devenus la cible de toutes les colères. Près de 60% ont été vandalisés depuis le début du mouvement des "gilets jaunes", a indiqué le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner jeudi. Selon nos informations, les forces de l'ordre ont recensé plus de 4.500 actes de vandalisme sur les radars l'an dernier, soit quatre fois plus qu'en 2017.
Gilets jaunes : que risquent ceux qui s'attaquent aux radars automatiques ?
Des chiffres ahurissants. L'hécatombe a commencé dès le début de l’année 2018, dès la confirmation du futur passage aux 80 km/h. Les dégradations de radars se sont alors multipliées, au point de devenir deux fois plus nombreuses que l'hiver précédent. Elles ont ensuite connu un premier pic durant l'été, lorsque l'abaissement de la vitesse est réellement entré en vigueur. Puis un second pic à l'automne avec les "gilets jaunes". Rien qu'en novembre, il y a eu plus d'attaques de radars que durant toute l'année 2017. Certains appareils ont même été dégradés plusieurs fois. Au total, plus de 600 radars ont été entièrement détruits. Du jamais vu.
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La facture s'allonge à toute vitesse. De son côté, la Sécurité routière refuse obstinément d'évoquer ces chiffres ou le coût de ces dégradations. "Nous nous employons à les remettre en fonction. Il faut savoir qu'il y a des radars dont le prix varie de 30.000 à 200.000 euros. Tout cela coûte très cher", commente simplement au micro d'Europe 1 Emmanuel Barbe, délégué interministériel à la Sécurité routière. D'après nos calculs, cela représente plusieurs dizaines de millions d'euros. Par ailleurs, le silence de la Sécurité routière ne change rien, car le phénomène continue. Depuis des semaines, chaque nuit, 1 à 2 radars sont détruits.
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"Accepter" que des automobilistes tueront sur les routes. Ces actes de vandalisme contre les radars automatiques sont purement et simplement une "mise en danger délibérée de la vie d'autrui", estime Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière, qui espère que les casseurs interpellés verront leurs peines "requalifiées". Sur Europe 1, elle lance un appel à ceux qui cassent "peut-être par ignorance des conséquences de ce qu'ils font". "Détruire un radar, c'est finalement accepter que des gens qui ne respectent pas les vitesses tueront, tôt ou tard, conducteurs et passagers qui, eux, sont respectueux des limitations de vitesse", dénonce-t-elle.
"Nous faisons appel à l'ensemble des Français, pour qu'ils les empêchent de détruire une technologie qui a permis de sauver des milliers de vies. Ces destructions, nous les payeront le prix du sang, le prix du handicap. Des familles seront détruites, dévastées, parce qu'elles savent ce que c'est d'apprendre la perte d'un proche." En décembre, les excès de vitesse ont bondi de 20%.
Elisabeth Borne veut que l'on pense "aux victimes". Invitée d'Audrey Crespo-Mara sur Europe 1 vendredi matin, la ministre des Transports Elisabeth Borne a refusé de confirmer le chiffre révélé par Europe 1. Mais elle a fustigé l'attitude des casseurs de radars, et les a appelés à la raison. "Un radar permet de s'assurer que tout le monde respecte le code de la route. Quand je vois ces dégradations, je pense aux victimes et à leurs familles. Celles qui ont été victimes d'un chauffard qui roulait trop vite. C'est ça qui est en jeu quand on dégrade les radars. Pensons aux gens qui ont été victimes de ces violences routières", a-t-elle exhorté.