Mercredi, des betteraviers en tracteur manifestaient leur colère dans les rues de Paris, remontés contre l’interdiction des néonicotinoïdes. Ce produit phytosanitaire est utilisé contre la "jaunisse", une maladie de la betterave provoquée par des pucerons. Mais il est également toxique pour les insectes pollinisateurs et son utilisation est, depuis plusieurs années, contraire aux réglementations européennes, même si l’Etat français avait accordé aux agriculteurs une dérogation pour continuer à recourir à ce pesticide.
Hier après-midi, les représentants de ces mêmes betteraviers mobilisés mercredi s’affichaient tout sourire aux côtés du ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau. La raison : le ministre leur a promis un remboursement total de leurs pertes, si les cultures de betteraves venaient à souffrir de la jaunisse cette année.
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La France, premier producteur européen de sucre
C'est le signal que les agriculteurs en colère mercredi attendaient. Le gouvernement ne veut en effet pas perdre le soutien de cette filière, car la France est le premier producteur européen de sucre, et le deuxième mondial de sucre de betteraves.
"On a besoin de réassurer, au sens premier du terme, les planteurs", avançait hier Marc Fesneau en conférence de presse. "Et on est justement dans un moment où les agriculteurs s’apprêtent à planter et à faire leur choix… Et ils peuvent faire un autre choix que celui de planter de la betterave", met-il en garde.
D’autres produits phytosanitaires vont remplacer les néonicotinoïdes
Cultiver sans néonicotinoïdes, c’est possible. C’est ce que font les agriculteurs en bio. Mais cela demande une charge de travail plus importante pour un rendement plus faible. Pour les agriculteurs conventionnels, il faut donc produire beaucoup pour que l’industrie sucrière les rémunère suffisamment. Sans néonicotinoïdes, leurs regards se tournent donc vers d’autres produits phytosanitaires, moins efficaces mais utiles sur le court terme, et vers la recherche.
Le ministre de l’Agriculture se range à leurs côtés et l’assume. Pour lui, la Cour de justice européenne, qui a entériné l’interdiction des néonicotinoïdes sur le sol français, a mis "la charrue avant les bœufs".