Cette décision va changer beaucoup de choses pour la circulation des deux-roues motorisés. À partir de lundi, il leur sera désormais interdit de remonter entre deux files de voitures dans les bouchons. Cette pratique très installée, notamment dans les grandes agglomérations, était une expérimentation lancée depuis 2016 dans onze départements. Elle ne serait pas concluante, selon la Délégation à la sécurité routière qui indique, en s'appuyant sur un rapport, que "l'accidentalité des deux-roues motorisés a augmenté de 12% sur les routes où l'expérimentation de la circulation inter-files (CIF) a eu lieu."
Pour Yves Carra, le porte-parole de l’Automobile Club Association, cette expérimentation légalisait un comportement déjà entré depuis bien longtemps dans les habitudes des automobilistes. "Dans les faits, depuis des dizaines d'années, les deux-roues circulent entre deux files de voitures, que ce soit sur autoroute ou sur le périph' en Ile-de-France. C'est interdit dans le Code de la route, mais c'était très largement toléré par la police et la gendarmerie", rapporte-t-il au micro d'Europe Matin. "On espère donc qu'à partir du 1er février, il n'y aura pas d'opération coup de poing pour montrer qu'ils font tout ce qu'il faut pour que ce soit interdit."
Vers une nouvelle expérimentation
Il estime que la circulation inter-files reste particulièrement adaptée aux grandes villes, notamment à Paris où la circulation automobile est dense et où les transports en commun ont été largement désertés à cause de l'épidémie de coronavirus. "Il y a une évolution et un retour du déplacement individuel, que ce soit en deux-roues motorisés ou en voiture", fait valoir Yves Carra. "Quand on est en deux-roues, c'est évidemment pour ne jamais avoir à s'arrêter. Pas forcément pour aller très vite mais pour ne pas perdre des heures dans les bouchons et pouvoir se garer facilement."
Dans un communiqué, Marie Gautier-Melleray, la déléguée interministérielle à la sécurité routière, demande toutefois la mise en place d'"une nouvelle expérimentation" mais "avec des règles adaptées" en vue d'une éventuelle intégration de la pratique au Code de la route. "Espérons que cette expérimentation soit faite rapidement et qu'on en tire des conclusions qui autorisent cette pratique avec toutes les règles de la sécurité routière", relève Yves Carrera. Qu'est ce qu'on pourra faire de plus ? "De la pédagogie, de l'éducation, de la formation. Il faudra, pendant le permis de conduire, accentuer fortement cette partie-là", conclut-il.