En janvier 2015, le ministère de la Santé a annoncé des mesures pour faciliter l'IVG en France. Bien lui en a pris car les interruptions volontaires de grossesse sont en hausse dans l'Hexagone. En 2013, 229.000 interruptions volontaires de grossesse (IVG) ont en effet été réalisées, soit 10.000 de plus qu'en 2012. C'est ce que révèle une étude qui vient d'être publiée par la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistique (Dress). Selon ces auteurs, ils étaient restés relativement stables depuis 2006 et avaient même baissé en 2011 et 2012.
La crise des pilules de 3e et 4e génération. Si les autorités n'ont pas avancé d'explications, cette hausse, pour le professeur Israël Nisand, gynécologue obstétricien au CHU de Strasbourg, c'est la conséquence directe de la crise des pilules qui avait éclaté en 2012. Des alertes médiatiques et sanitaires sur les risques cardio-vasculaires de la pilule de dernière génération avaient en effet inquiété les femmes.
Le "tabou" de la sexualité. "Nous avons vu, à partir de février 2013, l'arrivée de ces femmes qui avaient arrêté leur contraception depuis deux ou trois mois sans l'avoir remplacée par quelque chose de fiable et qui étaient en demande d'IVG", explique au micro d'Europe 1 le professeur qui dit ne pas se satisfaire de ces résultats. "Chez les jeunes femmes, on a toujours 90.000 IVG chez les moins de 25 ans, là où les autres pays voisins en ont trois fois moins", ajoute-t-il. La raison selon lui ? "On ne fait pas d'éducation à l'école, on a un espèce de tabou sur le fait de parler à nos jeunes de sexualité, les choses du coup ne s'améliorent pas", conclut Israël Nisand.
Des bénéfices supérieurs aux risques. En France, les risques cardiovasculaires des pilules les plus récemment mises sur le marché, également appelées pilules de 3e et 4e générations, ont été médiatisés fin 2012. Un plan d'action des autorités sanitaires a conduit, dans l'année qui a suivi, à réduire de près de 25% les ventes de ces pilules au profit des pilules plus anciennes, également appelées pilules de 1re et 2e générations.
À la demande de la France, l'agence européenne du médicament (EMA) avait procédé à une réévaluation des risques, mais avait conclu que les bénéfices des pilules de 3e et 4e générations restaient supérieurs aux risques.