L'archevêque de Paris Mgr Michel Aupetit juge "terrible" la proposition de loi déposée par des sénateurs socialistes pour supprimer la clause de conscience pour les médecins refusant de pratiquer l'IVG.
"On entre dans une forme de dictature". "C'est terrible. Cela signifie qu'on entre dans une forme de dictature qui dit : 'Vous n'avez pas le droit de penser, votre conscience doit être éteinte'", affirme-t-il dans une interview au Parisien dimanche.
Les sénateurs socialistes ont déposé vendredi, journée mondiale pour le droit à l'avortement, une proposition de loi afin de supprimer cette clause de conscience, estimant que cette dernière "est aujourd'hui le symbole d'un pouvoir médical qui s'arroge le droit de contester la loi et continue de se mobiliser pour contrôler le corps des femmes".
>> LIRE AUSSI - Marie Msika-Razon, médecin : "L'IVG est un soin comme un autre"
"La liberté de conscience est le droit le plus fondamental de toute société". À la question de savoir s'il a déjà utilisé cette clause, lorsqu'il était médecin, Mgr Aupetit répond: "Oui, bien sûr, j'ai expliqué à la patiente : 'Moi, en conscience, je ne peux pas'. Le médecin est libre, c'est capital. Cela s'appelle la relation médecin-malade. Sinon, c'est une prestation de service", explique-t-il. "La liberté de conscience est le droit le plus fondamental de toute société. Une société qui l'annihile, ça s'appelle une dictature. L'objection de conscience fait partie du droit médical et elle est intouchable. Ce droit doit être absolument préservé, je peux vous dire que les médecins vont réagir durement si on y touche", prévient-il.
>> LIRE AUSSI - Clause de conscience sur l'IVG : "Il faut que la loi soit adaptée à l'état de l'opinion"
Opposé à la PMA. "Je soutiens dans son expression" le président du syndicat de gynécologue Syngof, qui a assimilé l'interruption volontaire de grossesse à un "homicide", déclare par ailleurs Mgr Aupetit, des propos "fermement" condamnés par le gouvernement. Sur la question de la procréation médicale assistée (PMA), Mgr Aupetit rappelle son opposition, à l'instar de la position de la Conférence des évêques. Il "appelle les catholiques à se mobiliser par une parole", expliquant que "la question d'une manifestation dans la rue appartient aux citoyens, pas aux évêques". "Ce n'est pas à nous d'en organiser et nous ne le ferons pas".