«J'ai la boule au ventre» : les habitants de Sevran sous le choc après les fusillades de ce week-end

  • Copié
Wilfried Devillers (à Sevran) / Crédits photo : GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Après une fusillade vendredi faisant un mort et plusieurs blessés en urgence absolue, une nouvelle fusillade a éclaté dimanche à la cité Basse à Sevran, en Seine-Saint-Denis, faisant deux morts. Dans le quartier, les habitants déplorent un climat d’insécurité grandissant.

Deux hommes ont été tués par balles en pleine rue dimanche à Sevran, moins de 48 heures après une fusillade probablement liée au trafic de drogue qui avait déjà fait un mort et des blessés dans cette ville de Seine-Saint-Denis. Selon des sources policières, les deux hommes ont été tués vers 18 heures, allée des Lilas, dans le quartier Montceleux-Pont Blanc, à 1,4 km du lieu de la fusillade mortelle de vendredi soir. Dans le quartier, les habitants déplorent un climat d’insécurité grandissant.

"Les trafiquants sont devenus des chefs"

Au milieu des immeubles, des ombres s’agitent à l’intérieur d’une tente blanche de la police criminelle. Elle cache les dépouilles des deux hommes abattus quelques heures plus tôt. Des policiers en armes bloquent tous les accès. Nicole, son petit-fils dans les bras, est abasourdie, elle ne peut pas rentrer chez elle. "On apprend qu'il y a encore deux morts ! Tout ça, c'est le trafic de drogue, les trafiquants sont devenus des chefs et on ne voit pas les autorités faire quelque chose afin qu'ils s'en aillent... C'est comme si on n'était pas en France", déplore-t-elle.

"Il n'y a pas de sécurité à Sevran"

Une autre habitante, qui ne souhaite pas témoigner, raconte les flambées de violences des derniers mois dans le quartier. La jeune femme se souvient d’un adolescent ensanglanté qu’elle a tenu dans ses bras. 

Le fils d'Essola, lui, s'est pris une balle perdue en 2011. La mère constate amèrement que rien n’a changé. "Il n'y a pas de sécurité à Sevran. Il y a la mafia à gauche, à droite. Des gens qui n'habitent pas là bloquent la porte d'entrée de l'immeuble, on ne peut pas rentrer, on ne peut pas sortir ! J'ai la boule au ventre", témoigne-t-elle au micro d'Europe 1, la peur constante qu’une nouvelle fusillade éclate dans les prochains jours, les prochaines semaines. 

Les auteurs des tirs sont toujours en fuite. Une enquête a été ouverte par le parquet de Bobigny.