«J'ai le sentiment d'être abandonnée» : à Marseille, ces habitants des quartiers Nord appellent l'État à l'aide

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Frédéric Michel (envoyé spécial à Marseille) / Crédit photo : ANNE-SOPHIE NIVAL / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP , modifié à

Jeudi et vendredi, une commission sénatoriale d'enquête se penche sur le narcotrafic qui gangrène et ensanglante Marseille. Dans le 15e arrondissement de la cité phocéenne, l'insécurité empoisonne la vie des habitants qui attendent des réponses de la part de l'État.

Dans ces rues des quartiers Nord de Marseille , jonchées de détritus, c'est le mot insécurité qui revient le plus lorsque l'on interroge ces habitants du 15e arrondissement. "Il y a eu des personnes qui ont été tuées par balles à 50 mètres d'ici. Que font les services de sécurité ?", s'interroge Hervé qui réside ici depuis 40 ans. Jeudi et vendredi, une commission sénatoriale d'enquête se penche sur le narcotrafic qui gangrène et ensanglante la cité phocéenne. Ses membres y sont d'ailleurs de passage ce jeudi pour "porter une attention particulière à la réalité vécue par les habitants". 

Ces derniers se posent en effet beaucoup de questions et attendent des réponses. "C'est très dur, il n'y a pas de sécurité. J'ai le sentiment d'être abandonnée par l'État, le maire... Je vais déménager, je cherche à partir", confie Agnès qui s'est installée il y a deux ans à Marseille.

"Les élus, on ne les voit pas ou très peu" 

Mario, lui, a vu la situation se dégrader d'années en années. "Là, ce n'est pas un sentiment d'abandon, c'est un abandon. Ce n'est pas la même chose. Il y a un laxisme d'une partie de la population qui n'a rien à faire ici. Les élus, on ne les voit pas ou très peu, l'État a complètement disparu. Je sais ce qu'il va se passer : l'extrême droite va gagner ou la droite populaire, appelez ça comme vous voulez". 

Hamza, 25 ans, dénonce de son côté des promesses non tenues. "Alors qu'on entend que les budgets augmentent et que les forces de l'ordre sont, soi-disant, de plus en plus présentes, nous, au quotidien, on ne voit pas la différence."

Ce rapport sénatorial "est le début de quelque chose"

Yaya vit aussi dans les quartiers Nord, et il s'inquiète quotidiennement pour ses filles. "Elles font du sport juste ici, au gymnase. Je ne peux pas les envoyer toutes seules, il faut que je vienne avec elles. Je ne me sens pas à l'aise ici (...), tous les jours, des voitures sont brûlées", relate-t-il.

Hassen a lui été auditionné par la commission sénatoriale ce jeudi après-midi. Pour ce membre du collectif Trop jeune pour mourir, ce rapport "est le début de quelque chose. Il va nous aider à nous éclairer sur un certain nombre de phénomènes et les dispositions à prendre". "La question humaine devrait être centrale dans l'action de l'État dans nos cités, et on a essayé aussi de faire prendre conscience aux sénateurs et aux sénatrices la dimension exceptionnelle et inédite de ce qui est arrivé à la ville", expose Hassen. Marseille est effectivement comparée au Mexique ou à la Colombie. C'est donc un véritable électrochoc qu'attendent de nombreux Marseillais.