"J'avais prédit, il y a 10 ans, que le porno irait de plus en plus mal. Aujourd'hui, il ne va pas bien du tout". John B. Root est dans l'industrie pornographique depuis 22 ans et il constate que le porno français ne se porte pas bien. "Économiquement, il n'y a plus que quelques boîtes de production et qualitativement, il a énormément perdu depuis 1976, date du premier film", a-t-il expliqué dans Il n'y en a pas deux comme elle, vendredi.
Un déficit artistique. Paradoxalement, il n'y a jamais eu autant de films et de vidéos disponibles sur Internet mais l'abondance du porno ne sert par forcément l'industrie. "Quantitativement, le porno est en effet partout. Allez sur Internet, vous allez avoir des millions de vidéos (...) et tout ça d'une qualité assez médiocre finalement", constate le réalisateur. Le gonzo, porno sans scénario délaissant décors, contextes et dialogues, règne en maître. Pour John B. Root, la généralisation de ce style est une perte au niveau artistique, car le porno "n'est plus un genre cinématographique, comme il l'a été".
Le porno féministe en sauveur ? Depuis plusieurs années, le porno dit "pour femme" se développe. Différent dans la manière d'aborder les scènes de sexe, il se compose de séquences avec "plus de sentiments, plus de préliminaires, plus de temps passé à raconter les rencontres".
Pour l'actrice de X, Nikita Bellucci, cette idée que la femme apprécierait davantage ce type de porno est une erreur. "J'ai l'impression que le porno féministe, cela doit être le rapport sexuel façon papa-maman", a-t-elle déploré au micro d'Europe 1. "Moi je suis une femme et j'aime bien le rapport hard et violent. Pour autant, je me considère féministe parce que j'assume complètement mon plaisir et le fait d'aimer le sexe hard", a-t-elle affirmé. "Il ne faut pas croire que lorsqu'on est une fille, on est mièvre", a ajouté John B. Root, qui n'est "pas convaincu" par le porno féministe tel qu'il se développe aujourd'hui.
La vraie solution serait finalement à trouver du côté des mentalités. Le porno féministe serait alors plutôt un geste artistique qui permettrait "de dire que c'est un choix, que les femmes peuvent faire ce qu'elles veulent et que cela ne doit plus être une pratique taboue", estime l'actrice de X débutante, Alice Leroy.
Nikita Bellucci va dans le même sens de réflexion. Elle, qui est insultée et menacée chaque jour, a l'impression que "quand on est actrice porno, on n'a pas le droit d'avoir un raisonnement intelligent, de la culture et de s'intéresser à quoi que ce soit, à part écarter les cuisses".
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