"Il est arrivé, il a posé une caisse au pied de mon lit", témoigne l'une des plaignantes du dossier (photo d'illustration). 3:00
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Arthur Helmbacher, édité par Margaux Lannuzel
Europe 1 a recueilli le témoignage d'Odile, qui fait partie des trente-cinq patients dont les dossiers sont venus alourdir le dossier du médecin, toujours en garde à vue.  
TÉMOIGNAGE

Vingt-quatre heures supplémentaires, pour présenter au docteur Péchier des cas précis de patients : la garde à vue de l'anesthésiste de Besançon, soupçonné d'empoisonnements, a été prolongée, mercredi. Mis en examen depuis 2017 pour sept opérations suspectes, dont deux mortelles, le professionnel avait été laissé en liberté sous contrôle judiciaire. Mais 35 autres cas, dont une douzaine ayant entraîné la mort, sont depuis venus s'empiler sur le bureau des enquêteurs. Europe 1 a recueilli le témoignage d'Odile, qui a porté plainte mercredi matin.

"Il m'a dit, pour rigoler : 'C'est de la bonne'"

"Je me suis fait opérer en janvier 2015", raconte cette professionnelle de la restauration, qui se souvient avoir vu l'anesthésiste alors qu'on la préparait avant sa chirurgie. "Il est arrivé, il a posé une caisse au pied de mon lit, je n'ai vu que des cathéters", se rappelle-t-elle. "Je l'ai regardé, j'ai adressé un sourire et il m'a dit, pour rigoler : 'C'est de la bonne'."

"Je suis arrivée au bloc, et après je ne me souviens de rien", poursuit Odile. "Je me suis retrouvée en réanimation après un arrêt cardiaque. J'avais changé de couleur, j'étais grise, et j'étais montée en pulsations à 260, quand même", assure l'ex-patiente. 

"Quand j'ai appris qu'on aurait pu m'empoisonner..."

Plus de trois ans après son opération, Odile affirme souffrir "d'énormément de pertes de mémoire" liées à son arrêt cardiaque. "Encore dimanche, je m'énerve, parce que deux fois deux boules de glace, je n'ai pas pu le retenir... Même maintenant, pour les courses, j'ai toujours une feuille pour écrire. Autrement, je ne me souviens de rien."

"Quand j'ai appris qu'on aurait pu m'empoisonner, oui, ça a été dur à avaler", conclut la plaignante. "Je ne comprends pas qu'en ayant un métier comme ça, on puisse jouer avec la vie des gens."