Pour beaucoup, Noël est synonyme de souvenirs d’enfance agréables, de convivialité et de partage. Ainsi, 65 à 70% des Français déclarent aimer Noël, selon différents sondages. Mais il reste, donc, entre un quart et un tiers de Français pour qui le 25 décembre et son réveillon riment plutôt avec tristesse, stress ou amertume. D'après un sondage BVA publié l’an dernier, il y a même des régions de France où le rejet et l’indifférence sont majoritaires : en Normandie, en région Centre et en Provence-Alpes-Côte d’Azur, vous n'êtes que 49%, 45% et 43% à déclarer aimer cette fête. Comment aborder cette période sereinement lorsque l’on est "noëlophobe" ? Nos conseils.
En cas de conflits familiaux, rester lucide sur la situation
La première chose à se dire pour éviter d’être déçu par les fêtes, c’est peut-être de ne pas trop en attendre. En clair, vivez l’instant présent, profitez des bons moments mais soyez lucide : si des conflits familiaux existent, vous ne les résoudrez pas avec la simple "magie de Noël". Dîtes-vous que même si vous mettez les petits plats dans les grands et que vous pensez avoir le cadeau parfait, le risque zéro de décevoir n’existe pas. "Il faut faire le deuil de la famille idéale", résume dans l’Express la psychanalyste Laura Gélin. Et de développer : "Il y a durant cette période une quête de perfection, une envie de se rapprocher au plus près de ce symbole de magie et de féerie que représente cette fête. […] Mais toutes les problématiques familiales ont tendance à se réveiller: la place occupée dans la famille, la jalousie, le deuil ou le manque d'un parent, etc."
Plutôt que de vous projeter sur un idéal, pourquoi ne pas "profiter" de ces moments pour analyser la situation, en tentant de tirer des enseignements sur l’origine des conflits au sein de votre famille pour les corriger à l’avenir par exemple ? "Etre lucide sur ce que l'on ressent ou va ressentir, ne pas se bercer d'illusions, c'est un premier pas vers une acceptation", insiste Laure Gelin.
Eviter les faux pas lors des dîners
Noël peut également être synonyme de débats enflammés au moment des repas. Des disputes qui ne prennent pas forcément appui sur un conflit latent, mais qui éclatent d’un seul coup, sur fond de débats politiques ou sociétaux, et qui peuvent couper l’envie de passer un moment en famille. Pour éviter cela, il n’y a pas de recette miracle : vous n’êtes pas maître de tous les sujets de conversation. Mais vous pouvez tout faire pour éviter vous-même les sujets qui fâchent. Si vous savez que parler de la famille de tel convive peut le mettre mal à l’aise, ou que la politique peut crisper vos amis/cousins/parents, il vaut peut-être mieux ne pas en parler. Quant-à-vous, n’hésitez pas à changer de conversation si vous n’êtes pas à l’aise ! "On nous demande si notre fils a toujours autant de difficultés à l’école ? On peut répondre ‘Oh, justement, en parlant de Paul, je ne vous ai pas raconté : il a été sélectionné dans son équipe de football, on était tellement fier de lui...", suggère Santé magazine.
" Quelle que soit l’origine de nos tensions, il est important de porter son attention sur les éléments positifs du repas que l’on a tendance à banaliser "
Prêtez également attention à vos émotions et vos impressions. En clair, efforcez-vous de ne pas vous concentrer seulement sur le négatif. Si vous n’aimez pas les plats (que vous soyez le cuisinier ou pas !), inutile de vous arrêter dessus toute la soirée, profitez du bon vin et des blagues de vos convives. Si l’une des personnes a fait une remarque déplacée (mais pas non plus une insulte), vous pouvez lui envoyer une petit pique sans vous acharner toute la soirée.
"Quelle que soit l’origine de nos tensions, il est également important de porter son attention sur les éléments positifs du repas que l’on a tendance à banaliser, et les raisons pour lesquelles nous nous y rendons", suggère Anne Dumont, psychologue, interrogée par Santé magazine. Et d’enchaîner : "Il peut s’agir d’une grand-mère âgée à qui l’on va faire plaisir, d’un frère que l’on se réjouit de revoir, d’un bébé que l’on va rencontrer pour la première fois... Au clair avec cet objectif, on sera moins vulnérable aux éléments négatifs qui ne s’y rapportent pas".
Quelques petits exercices d'hypno-thérapie pour vous aider
Malgré tous ces conseils, rien ne garantit jamais à 100% que vous passerez un bon moment. Mais vous pouvez dès maintenant mettre en pratique quelques techniques pour faire retomber votre propre stress, et votre propre agressivité, lors d’un futur moment potentiellement désagréable. Récemment interrogée par Europe 1, la thérapeute Nicole Prieur donnait quelques exemples d’exercices d’hypno-thérapie pour mieux appréhender les (mauvaises) rencontres en famille :
L’exercice de l’arbre : "On se met dans un fauteuil, on le laisse nous soutenir, on se relâche, on ferme la porte au monde extérieur. On s’imagine la force de l’arbre, les racines, le tronc. Puis la sève qui monte des racines et vient renforcer le tronc, les branches, les feuilles, et on finit par se sentir être un arbre. Au moment d’un conflit, cela nous aide à nous dire : ‘je suis un arbre, je n’aime pas ce plat mais je prendrai une bouchée pour te faire plaisir’!"
L’exercice de la bulle : "Là encore, on se met sur un fauteuil et on le laisse nous soutenir, on essaie de percevoir cette sensation de soutien. Puis on imagine que l’on se laisse porter par des ballons multicolores, qui nous aident à prendre de l’altitude, plus haut que les arbres, puis près des nuages, et là on imagine être dans une très jolie bulle dans laquelle rien ne peut nous atteindre, on est en grande sécurité. On flotte, on se sent bien, et l’on peut rire plus facilement de ce qui vient de nous arriver".
Faire un Noël qui vous ressemble
Parfois, une mauvaise image de Noël peut remonter à l’enfance. C’est comme ça : dans votre tête, Noël, c’est triste. Pour changer cela, pourquoi ne pas casser un peu les codes ? "Il s’agit de se réapproprier cette fête pour en faire ce que l'on veut", résume le psychanalyste Pascal Neveu, auteur de Mentir, pour mieux vivre ensemble? Faire Noël à l’étranger, voire dans une autre période de l’année, remplacer le traditionnel dîner du 24 par un apéro dinatoire ou le déjeuner du 25 par un brunch, inviter des potes à se mêler à la famille, remplacer le sapin par un cactus, proposer des jeux de société… Tous les moyens peuvent être bons pour que vos futurs Noël ne ressemblent pas à ceux du passé.
Quelques conseils si vous prévoyez d’être seul
Parfois, ce n’est pas la peur de passer un mauvais moment en famille qui fait que l’on n’aime pas Noël. Pour certains, c’est au contraire le fait de se retrouver seul. Conflit familial, décès d'un proche, rupture amoureuse, isolement géographique, travail, timidité ou simplement choix personnel… De nombreuses raisons peuvent conduire à passer les fêtes de fin d'année en solitaire. Selon un sondage YouGov paru en 2014, ce serait le cas de près d'un quart des Français. Mais la solitude est-elle vraiment une nécessité ?
Plusieurs sites internet ("Seul pour Noël" ou "On va sortir", par exemple) proposent de mettre en lien les solitaires des 24 et 25 décembre. Votre solitude peut aussi se transformer en solidarité. Maraudes, soutiens aux personnes âgées, repas de Noël avec les plus précaires, de nombreuses associations ont besoin de main d'œuvre pour des missions ponctuelles les soirs de fêtes. Les sites tousbenevoles.org ou francebenevolat.org recensent et classent les missions disponibles ces soirs-là. Chaque année, l'association Autremonde.org organise également un repas avec des personnes isolées ou marginalisées au soir du 24 décembre.
Enfin, ce n'est pas parce que vous êtes seul que vous ne pouvez pas vous divertir. Pourquoi n'iriez-vous pas voir un bon film (les cinémas sont ouverts le soir du réveillon), un spectacle ou une pièce de théâtre ? Vous pouvez, également, apporter un côté spirituel ou religieux à votre soirée/journée. La plupart des églises donnent par exemple des messes de minuit le 24 décembre (attention, parfois, les messes de minuit sont à 22h). Que vous soyez croyant ou non, cela peut valoir le détour : des concerts sont parfois donnés, de chants grégoriens ou de gospel par exemple. Les sites locaux de l'Eglise catholique, de l'Eglise protestante unie de France ou même des offices de tourisme de votre ville en font généralement un recensement complet.