Pierre-Emmanuel Germain-Thill, victime du père Bernard Preynat, pense que la hiérarchie de l'Eglise a couvert ses méfaits.
Pierre-Emmanuel Germain-Thill n’est "pas convaincu" par les propos tenus mercredi par le cardinal Barbarin dans Le Parisien. "Je veux comprendre pourquoi le cardinal Barbarin a mis autant de temps pour agir et fait autant de déclarations différentes au cours de toutes ces années", affirme-t-il mercredi dans Europe Midi. Cette victime du père Preynat, qui a violé et abusé sexuellement plusieurs enfants dans des camps scouts, s’interroge sur le rôle joué par Philippe Barbarin dans l’affaire. Il a déjà porté plainte contre le curé, qui a abusé de lui entre 1988 et 1989, et a également l’intention de poursuivre le cardinal Barbarin pour "non dénonciation d’agressions sexuelles sur mineurs de quinze ans" et "mise en péril d’autrui".
Le parquet de Lyon a ordonné une enquête préliminaire pour ces motifs au sujet d'agressions sexuelles commises par le père Bernard Preynat, sur de jeunes scouts lyonnais entre 1986 et 1991, pour lesquelles le religieux a été mis en examen. Elle fait suite à un signalement de victimes, mettant en cause plusieurs responsables du diocèse dont le cardinal Philippe Barbarin, - visé nommément par des plaintes - qu'elles accusent de ne pas avoir dénoncé à la justice les agissements passés de ce prêtre.
Des versions contradictoires. Pierre-Emmanuel Germain-Thill, 36 ans, met en cause les différentes versions données par le primat des Gaules à un mois d’intervalle. "En 2007, ce sont des bruits qui courent et ce sont des faits très anciens. Je n’ai vu personne à ce moment-là", affirme-t-il dans Le Parisien.
Le 10 février dans La Croix, il racontait : "Une personne qui avait grandi à Sainte-Foy-lès-Lyon m’a parlé des comportements du père Preynat (antérieurs à 1991), vers 2007-2008. J’ai alors pris rendez-vous avec lui pour lui demander si, depuis 1991, il s’était passé la moindre chose. Lui m’a alors assuré : 'Absolument rien, j’ai été complètement ébouillanté par cette affaire'."
Une nomination qui interroge. Outre cette contradiction, Pierre-Emmanuel Germain-Thill se demande pourquoi et comment Philippe Barbarin l’a nommé doyen - un poste important dans la hiérarchie de l’Eglise - en 2013. "Apparemment, quand on nomme doyen un prêtre de cette manière-là, on fait une enquête, on monte un dossier. Où est ce dossier, qu’il y a-t-il dedans ? Ce sont autant de questions que je me pose, ainsi que d’autres victimes", résume-t-il.