Alors que sort mercredi le film Artic, dans lequel un homme (incarné par Mads Mikkelsen) joue sa survie au Pôle Nord, Matthieu Noël a reçu mardi matin, sur Europe 1, l'explorateur Jean-Louis Etienne, qui a été le premier à rejoindre l'Arctique en solitaire et qui sera présent, mardi soir, à l'avant-première du long-métrage.
Le premier risque, dans cet univers hostile à l'homme, explique-t-il, est de passer à travers la glace. "Le Pôle Nord est au milieu d’un océan gelé" et "il y a des endroits où la mer vient de se regeler" : "Vous passez sur de la glace fine. Si vous passez à travers, vous êtes mort. Tout s’effrite et vous essayez de remonter sur de la glace qui se casse autour."
"Je suis passé une fois à travers la glace." Et Jean-Louis Etienne sait de quoi il parle. "Je me suis fait peur en allant Pôle Nord parce que je suis passé une fois à travers la glace", se souvient-il. Selon lui, il doit sa survie au fait qu'il était "conditionné". "Je savais que c’était le grand danger. La jeune glace de mer, elle est flexible. Vous avancez sur une zone et c’est flexible. Je savais que si ça s’effondrait sous moi, il fallait se coucher de manière à exercer moins de pression sur la glace jeune. J’ai mal dormi la nuit d’après."
L'autre grand danger là-bas, "c’est la rencontre avec un ours". S'il n'en a jamais vu en vrai, Jean-Louis Etienne s'est déjà fait peur : "J’ai vu des traces fraîches un matin après 48 heures de blizzard, ce qui veut dire que tout avait été recouvert par la neige et à environ une heure de marche de ma tente, je vois les traces de quelqu’un qui devait chausser du 95. J’ai eu peur parce que je n’avais pas d’arme."
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"Le réchauffement climatique, ça ne se perçoit pas, ça se mesure." Si ses différentes expéditions ont forcément représenté un certain risque pour l'explorateur, elles lui ont également permis d'avoir un certain regard sur un risque beaucoup plus global : le réchauffement climatique. "Ça ne se perçoit pas, ça se mesure. C’est une mesure scientifique, 1 degré de réchauffement en un siècle, ça ne se perçoit pas", commence-t-il par expliquer.
Si "on va vers du réchauffement naturel lent sur des milliers d'années", dû au fait que "la Terre a sa vie propre", il précise que "les glaces nous apprennent que depuis 150 ans, il y a une accélération verticale de la température, de la teneur en gaz carbonique, de la teneur en méthane. C'est ça la signature de l'homme".
"Il faut que chacun soit efficace sur sa zone d’influence." Malgré tout, Jean-Louis Etienne se veut résolument optimiste sur la question car "il faut être optimiste pour mettre en œuvre les choses". Il assure qu'il "faut faire de la pédagogie et ça prend du temps". Il appelle notamment "les investisseurs" à lever "le pied sur ces investissements sur le charbon" mais "on est chacun individuellement responsable". "Il faut que chacun soit efficace sur sa zone d’influence."