Les musiciens électro Jean-Michel Jarre et Laurent Garnier ou encore l'ancien ministre de la Culture Jack Lang contestent dans une tribune le bien fondé d'un décret publié en août limitant le niveau sonore de la musique dans les festivals ou les discothèques.
Des œuvres "dénaturées" ? Cette tribune, diffusée lundi dans la version papier du quotidien Libération, soutient une demande d'annulation du décret, auprès du Conseil d'Etat, déposée le 9 octobre par Aurélien Dubois le président de la Chambre syndicale des lieux musicaux, festifs et nocturnes (Ex-CSCAD). Le collectif, qui affirme vouloir "protéger à la fois les artistes, les exploitants des lieux clos et ouverts et les festivals", considère que "la limitation du niveau sonore de la musique dans les lieux publics dénature les œuvres et va à l'encontre la liberté de création".
Que dit le décret ? Parmi les mesures de ce décret paru début août visant à "protéger l'audition du public", le niveau sonore moyen, mesuré sur 15 minutes, ne pourra plus dépasser 102 décibel, alors que le niveau maximal était fixé depuis 1998 à 105 décibels. Lorsque le public visé est constitué d'enfants jusqu'à six ans, la limite est établie à 94 décibels. Ces obligations d'affichage et d'enregistrement s'appliqueront d'ici un an à toutes les discothèques et tous les festivals, ainsi qu'aux autres lieux diffusant de la musique amplifiée "à titre habituel" et dont la capacité d'accueil est supérieure à 300 personnes.
Les lieux concernés devront aussi "informer le public sur les risques auditifs", "mettre à disposition du public à titre gratuit des protections auditives" du type bouchons d'oreilles et "créer des zones de repos auditif ou, à défaut, ménager des périodes de repos auditif" durant lesquelles le niveau sonore ne dépassera pas 80 décibels.
Vers un déclin de la fréquentation ? "Ce décret entraînera inéluctablement le déclin de la fréquentation et, du même coup, une baisse importante des recettes des établissements festifs et des festivals", déplorent les signataires, parmi lesquels figurent aussi l'UMIH (Union des Métiers et des Industries de l'Hôtellerie), des festivals (Solidays, Hellfest, Weather) et des salles (Rex club, La Machine du Moulin Rouge). De plus, les investissements prévus par le décret "signifieraient la mort pour les plus petits établissements, auquel le public français reste fidèle", affirme le collectif.