Pour l'avocat Jean-Pierre Mignard, il faut indemniser les victimes de violences policières. 2:45
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Séverine Mermilliod
Depuis le début du mouvement des Gilets jaunes, de nombreux manifestants ont été victimes de violences de la part de fonctionnaires de police. Pour l'avocat Jean-Pierre Mignard, il faut créer une commission ad hoc afin de les indemniser. Il doit "avoir un rendez-vous" à la fin du mois avec Emmanuel Macron pour en parler.
INTERVIEW

Alors que la contestation contre la réforme des retraites se poursuit, de nombreux manifestants, depuis le début du mouvement des Gilets jaunes en 2018, ont été victimes de violences de la part de fonctionnaires de police. On assiste aujourd'hui à un changement de discours au sein du gouvernement, qui jusqu'alors semblait soutenir sans réserve les forces de l'ordre. Selon l'avocat Jean-Pierre Mignard, il y a eu "un trop long déni" et il faut désormais indemniser les victimes. Un souhait qu'il présentera au président de la République à la fin du mois, comme il l'annonce sur Europe 1.

Indemniser les blessés

Un trop long déni envers ce qu'il appelle les "violences commises par des fonctionnaires de police", pour éviter les généralités. "Tous les policiers ne sont pas des gens violents, extrémistes, des bourreaux ou des tyrans", rappelle Jean-Pierre Mignard au micro de Patrick Cohen. "Simplement, quand on détient un pouvoir - à savoir la force ou l’usage de la force -, je suis désolé mais en République, cet usage a pour contrepartie une vertu et un contrôle de l’usage. Quand on l’excède, quand on en abuse, ce n’est pas bien."

Aujourd'hui, il faut "réparer", donc indemniser. "Ces gens-là sont blessés, pour beaucoup sans qu'on ait rien à leur reprocher", rappelle l'avocat. "Ce sont nos concitoyens. On ne va quand même pas laisser ces gens toute leur vie handicapés ! Une main, un pied en moins... Il y a des procédures mais on ne retrouvera jamais les policiers qui ont tiré".

"C’est à lui, président de la République, de prendre cette initiative"

Et de rappeler qu'en 1988, au moment de la réforme universitaire Devaquet, alors qu'il était "l’avocat d’un certain nombre d’étudiants et étudiantes dont certains avaient été très grièvement blessés après avoir reçu des projectiles très violents place des invalides", un processus d'indemnisation avait été mis en place et une responsabilité de l'administration reconnue, notamment grâce à Michel Rocard. "Cela avait été un facteur de justice et perçu comme un geste de l’Etat considéré comme une bienveillance politique", assure Jean-Pierre Mignard selon qui il est tout à fait possible de faire pareil aujourd'hui.

Il rencontrera donc Emmanuel Macron fin janvier. "Je dois avoir un rendez-vous à la fin du mois avec lui, je le lui dirai tel quel : c’est à lui, président de la République, de prendre cette initiative. Ce n’est pas pour cela qu’on l’aimera mieux, mais une grande partie des citoyens dira : voilà un beau geste".