Figure emblématique du militantisme contre l'extension d'un camp militaire sur le plateau du Larzac dans les années 1970-80, José Bové se trouve au cœur d'un nouveau combat. Le député européen est désormais en lien avec les opposants au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, en Loire-Atlantique. Alors qu'une décision du gouvernement est attendue avant la fin du mois dans ce dossier, le militant, soutenu par le ministre Nicolas Hulot, plaide pour une solution négociée, qui permette aux agriculteurs de la ZAD de conserver leur activité. Un scénario qui ne s'applique qu'en cas d'abandon du projet d'aéroport.
"Il faut sortir de l'expropriation". "Je pense que si cette idée est en train d'être reprise, c'est qu'il faut sortir de l'expropriation, c'est-à-dire remettre à plat la situation foncière", explique José Bové, invité d'Europe 1, jeudi. Cette "première phase", calquée sur le processus du Larzac, doit permettre d'identifier les propriétaires déjà expropriés et ceux qui ont vendu à l'amiable, par exemple. "Ensuite, en fonction de ce qui reste à l'Etat, on met en place une structure qui permet de gérer l'usage du foncier et des bâtiments qui existent." Dans la région du député, la société civile des terres du Larzac a ainsi vu le jour.
Certains pourraient "naturellement partir". Quid des zadistes militants, non impliqués dans les activités agricoles de Notre-Dame-des-Landes ? "Tous ceux qui sont engagés sur les projets, et c'est la très grande majorité, vont s'inscrire dans le processus", qui pourrait durer environ deux ans, assure José Bové. "Qu'il y ait des gens qui soient venus uniquement parce que ce qui les intéressait c'était de combattre contre, et que c'était un lieu d'expérimentation de vie au quotidien, très bien... Mais s'ils n'ont pas envie de rester là, s'ils pensent qu'il ont une vie ailleurs, je pense que ceux-là vont naturellement partir. Le fait de l'abandon du projet modifiera radicalement les choses."
"Pas de gagnant ou de perdant". Le député européen rappelle cependant qu'il n'est "absolument pas sûr" que le projet d'aéroport soit abandonné. "Je participe de toutes les manières que je peux pour aider à une solution si le projet ne se fait pas. J'essaye de contribuer avec l'exemple qu'on a eu sur le Larzac pour donner des outils nécessaires", explique-t-il seulement. "Il ne peut pas y avoir de gagnant et de perdant au sens militaire du terme, ça n'a pas de sens."
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