Selon le ministre de l'Intérieur, l'évacuation, commencée lundi matin à 8h, s'est déroulé dans "le calme" et "la maîtrise". 2.318 migrants ont été "mis à l'abri", dont 400 mineurs.
Le démantèlement de la "Jungle" de Calais a commencé, lundi matin, peu après 8h, sous haute protection policière. Dès 5 heures, les premiers migrants ont commencé à faire la queue au point de rassemblement défini par les autorités afin d'accéder aux bus qui doivent se diriger vers l'un des 451 Centres d'accueil et d'orientation (CAO) ouverts un peu partout en France.
Et à 8h, c'est le centre de transit qui a ouvert ses portes, alors que 500 immigrés patientaient déjà dehors. Cette énorme opération, revendiquée comme "humanitaire" par l'État, a pour but de vider le campement, devenu au fil des mois le plus grand bidonville de France avec ses 6.400 à 8.100 habitants.
Les principales informations à retenir :
- Alors que des migrants ont commencé à faire la queue dès 5h du matin, les bus ont commencé à quitter les lieux vers 8h40.
- Cette opération, qui va se poursuivre toute la semaine, a pour but d'évacuer les lieux afin de diriger les migrants vers des centres d'accueil et d'orientation répartis dans douze régions.
- Les autorités et les associations sur place estiment toutefois que 2.000 personnes sont réticentes à quitter la "Jungle".
- Il s'agit d'une "opération à risques" pour les autorités qui craignent des débordements, notamment à cause de la présence de militants altermondialistes.
- Lundi, au soir de la première journée d'évacuation, 2.318 migrants ont été "mis à l'abri", dont 400 mineurs.
Le centre de transit a ouvert. Ces migrants doivent être emmenés par car dans des centres d'accueil et d'orientation (CAO) disséminés dans 12 régions de France (hors Corse). Ce transfert doit durer toute la semaine. "Nous avons confiance que tout se passe bien", a assuré dimanche la préfète du Pas-de-Calais Fabienne Buccio lors d'un point de presse, en détaillant les modalités de l'opération. Le premier bus, avec 50 Soudanais à son bord, a quitté le site vers 8h40, direction la Bourgogne.
Passage dans un sas pour un entretien. Première étape du processus, les migrants ont accès à un centre de transit, un grand hangar désaffecté installé à 300 mètres de la "Jungle". Dimanche, les pouvoirs publics ont intensifié leurs rondes d'information pour distribuer des feuillets explicatifs. Du côté des autorités, on s'attendait à une forte affluence avant même l'ouverture des portes. C’est la raison pour laquelle un important dispositif policier a été déployé. Dans le hangar où les migrants seront enregistrés et orientés, il y aura aussi des lits de camp pour permettre à ceux qui n’auront pas pu partir en fin de journée de dormir là la nuit prochaine, en attendant les nouveaux départs prévus mardi.
Le dispositif a été pensé pour les orienter, après un entretien, en fonction de leur situation personnelle. Une véritable "gare routière" a été montée pour assurer la fluidité de l'opération, avec 60 bus prévus dès le premier jour.
L'organisation est millimétrée, depuis la géolocalisation des cars pendant le trajet, la présence de gendarmes sur les aires d'autoroute, jusqu'au planning des départs, les destinations les plus éloignées étant desservies le soir, pour des trajets nocturnes. Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, s'est félicité dès lundi matin de cette évacuation qui se déroule dans "le calme" et "la maîtrise".
"Je commence une nouvelle vie". Parmi les migrants, un Soudanais de 17 ans est plus qu’impatient de prendre le bus qui va le conduire vers un centre d’accueil. Fuir la "Jungle", c’est l’unique motivation de cet adolescent et de son groupe d’amis. "J’ai envie d’aller là-bas (vers un CAO) pour voir comment les gens vivent : se lever le matin, aller à l’école, étudier, manger, dormir… Un de mes amis a déjà pris ces bus. Quand je lui ai téléphoné, il m’a dit ‘vas-y, prends ce bus’. Maintenant, il dort dans une vraie maison, il a de quoi manger. Alors j’y vais. Je commence une nouvelle vie", raconte-t-il au micro d'Europe 1.
"Je veux être le premier". Pour Idriss aussi, jeune Soudanais d’une vingtaine d’années qui survit dans la "Jungle" depuis trois mois, cette évacuation est vue comme une opportunité : "maintenant je suis prêt à aller dans un centre (CAO, ndlr). Je veux être le premier d’ailleurs, car il y a beaucoup de gens qui veulent s’y rendre. C’est mieux pour moi, la "Jungle", ce n’est pas bon". "Le centre d’accueil, c’est une chance pour moi", estime-t-il sur Europe 1.
Les mineurs vers la Grande-Bretagne ? Les mineurs, eux, feront l'objet d'un traitement spécifique, puisqu'ils pourront rester quinze jours de plus dans les conteneurs installés sur le campement, dans l'attente de savoir s'ils peuvent gagner la Grande-Bretagne (comme près de 200 ont pu le faire depuis le début de la semaine), ou s'ils sont orientés vers des CAO-mineurs en France.
Des interpellations pour les récalcitrants. Mais la volonté des autorités est claire : à terme, le campement doit disparaître, et les opérations de déblaiement commenceront dès mardi. Sur place dimanche, l'attente était palpable, et il suffisait aux migrants de regarder l'afflux de journalistes pour comprendre, si besoin, l'imminence d'une opération. Beaucoup, notamment les Soudanais et les Érythréens, avaient déjà préparé leur valise. D'autres, surtout Afghans, semblaient plus réticents, ou incrédules, à l'idée du démantèlement. Mais les récalcitrants ont été avertis : ils s'exposent à une interpellation au terme de l'évacuation et à un placement en centre de rétention administrative.
2.318 migrants évacués. Quelque 2.318 migrants ont été "mis à l'abri" au premier jour de l'opération d'évacuation de la "Jungle" de Calais, a annoncé lundi le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. Sur ce total, "1.918 majeurs ont quitté Calais à bord de 45 bus pour rejoindre 80 centres d'accueil et d'orientation (CAO) situés dans onze régions de France", a affirmé le ministre dans une déclaration à la presse. Quatre cents mineurs ont pour leur part été "orientés au centre d'accueil provisoire", situé sur le campement, dans l'attente de l'instruction de leur dossier. Le ministre de l'Intérieur a ajouté que le Royaume-Uni accueillera "tous les mineurs isolés" avec des liens établis outre-Manche
Premier jour dans le calme. Après un afflux massifs vers les cars affrétés dans la matinée, le flux de migrants brutalement amenuisé et plus aucune queue à l'extérieur du centre de transit n'était visible. Des candidats au départ auraient reporté de 24 ou 48 heures leur embarquement. Hormis quelques bousculades, le démantèlement s'est effectué dans le calme. Certains habitants du camp ont chanté pour leur départ, d'autres ont brûlé les meubles qu'ils laissaient derrière eux. Néanmoins, l'association L'Auberge des migrants estime que les prochains jours pourraient être plus perturbés car au fur et à mesure, ne resteront dans le camp, "que ceux qui veulent persister à rejoindre l'Angleterre."