Il n'y a personne en vue dans les couloirs du Centquatre. Coronavirus oblige, l'immense centre culturel du 19e arrondissement de Paris est déserté par les habituels danseurs et musiciens en herbe. Un agent de sécurité nous escorte jusqu'à la seule salle occupée. A l'intérieur nous attend Julie Gayet. L'actrice est en plein tournage : elle figurera dans un clip engagé dont la sortie est prévue le 8 mars, journée internationale des droits des femmes. Il s'intitule Regarde-moi bien, raconte-elle sur Europe 1.
"Le message est simple : il faut regarder les femmes de la bonne manière quand elles prennent la parole, qu'elles demandent l'égalité salariale", explique Julie Gayet. Dimanche au micro de Pascale Clark, elle est revenue sur son engagement contre les violences faites aux femmes et sur la "déception" du Grenelle de l'année dernière.
"Les femmes s'unissent pour aller plus loin"
Dans le clip de la Fondation des femmes, il y aura à ses côtés d'autres comédiennes portant le même combat, comme Muriel Robin, Anna Mouglalis et Sophia Aram. "Les femmes se fédèrent, elles s'unissent pour aller plus loin", remarque Julie Gayet. Elle se réjouit qu'un mouvement d'ampleur existe aujourd'hui en France, après avoir mis du temps à se mettre en place depuis l'affaire Weinstein. "Les actrices américaines étaient en avance, elles avaient déjà les clefs, les outils. Sur les questions de genre, chez nous, on en était encore aux balbutiements."
"Il faut des moyens pour que la parole se libère"
Si elle jubile que toute une génération de femmes prenne la lutte contre les violences à bras le corps, la comédienne s'agace néanmoins du manque de moyens alloués par le gouvernement. "Après MeToo, il y a eu 30% de plaintes supplémentaires. Maintenant il faut des moyens pour écouter les femmes sur le terrain. Il faut des moyens pour que la parole se libère."
L'actrice se dit "déçue" par l'issue du Grenelle contre les violences conjugales, emmené notamment par Marlène Schiappa. "Ce Grenelle a été pour nous un espoir formidable et une immense déception. On lui a dit ce qu'on avait à dire puis on a vu qu'elle n'avait aucun moyen. On ne les lui a pas donnés ou alors elle n'a pas su les prendre. Mais c'est étrange pour quelque chose qui était censé être la grande cause du quinquennat", soupire-t-elle. Puis Julie Gayet s'excuse, elle doit y retourner. Elle ne s'en plaint pas, loin de là : "Muriel Robin nous a fait hurler de rire toute la matinée."