Les bulldozers sont entrés en action. L'Etat a entamé lundi le démantèlement de la partie Sud de la "jungle" de Calais, quatre jours après la décision de justice validant cette opération. Entre 800 et 1.000 migrants vivent dans ce dédale de bidonvilles, selon la préfecture. Les services de l'Etat promettent de les déloger petit à petit, sans recourir à la force, avant de détruire définitivement les habitations. Mais où iront ces migrants une fois la "jungle" disparue ? Si l'Etat assure avoir tout prévu, pas sûr que cela ne suffise. Décryptage.
1.000 logements en accueil. Un total de 1.000 places en centres d'accueil seront mises à disposition pour recevoir les nouveaux migrants délogés de la "jungle", avaient annoncé vendredi les ministres du Logement et de l'Intérieur. "Il y a 500 places disponibles immédiatement et 500 autres qui vont l'être dans les jours qui viennent pour offrir à ces personnes des accueils partout en France", avait détaillé Emmanuelle Cosse. Il s'agit de place dans des Centres d'accueils et d'orientation, dits CAO, dans lesquels les services de l'Etat tentent de convaincre les migrants de faire une demande d'asile, afin d'obtenir le droit de rester sur le territoire. A ces 1.000 places potentielles s'ajoutent 200 places restantes dans des centres d'accueil provisoire (CAP) de Calais, des conteneurs chauffés disposant de l'eau courante et de l'électricité.
"Est-ce que nous avons suffisamment de places ? La réponse est oui", avait renchéri Bernard Cazeneuve. Et de poursuivre : "Nous avons accueilli 2.800 migrants en provenance de Calais et Grande-Synthe (depuis octobre ndlr). Nous avons des places supplémentaires, nous en aurons suffisamment pour mettre tout le monde à l'abri, et notamment les mineurs isolés". "Il n'y a pas d'idéal humanitaire de la boue et de la précarité. Nous souhaitons que ces réfugiés puissent être accueillis dignement", avait-il encore assuré.
La préfecture a-t-elle sous-estimé le nombre de migrants ? Le problème ? Selon les associations, le nombre de migrants qui seront délogés avec la destruction de la partie sud de la "jungle" n'est pas de 800 ou 1.000, mais de… 3500 ! Si tous ne peuvent pas être relogés à Calais, l'Etat assure qu'il y aura suffisamment de place dans les 102 autres centres de l'Hexagone. Reste à savoir si les migrants accepteront d'y aller. Pour l'heure, les maraudes organisées par l'Etat dans la jungle pour convaincre les migrants d'être relogés peinent à convaincre, selon plusieurs sources de presse sur place. Et pour cause : nombre de migrants veulent rester près de la frontière anglaise, qu'ils espèrent bien franchir un jour. "Ces gens veulent rejoindre la Grande-Bretagne et ne partiront pas. Il seront donc encore plus précarisés, surtout en plein hiver", a assuré auprès de l'AFP Maya Konforti, une représentante de l'association Auberge des migrants.
>>"On ne sait pas où aller", confiaient des migrants vendredi à Europe 1 :
Le démantèlement d'une partie de la jungle de...par Europe1fr
Bernard Cazeneuve a pour sa part insisté sur le fait que les Britanniques "doivent également prendre leur part" dans l'accueil des mineurs isolés ayant des parents en Grande-Bretagne. "J'ai évoqué le sujet avec ma collègue (britannique) Theresa May et je suis très déterminé à faire en sorte que cela se fasse conformément à ce que sont les usages et les principes", a-t-il déclaré.