"Cela n'est pas digne" : une cinquantaine d'avocats, dont le célèbre pénaliste Henri Leclerc, ont perturbé mercredi une audience au nouveau Palais de justice de Paris pour empêcher la comparution d'un détenu dans un box vitré, dont ils dénoncent la généralisation dans les tribunaux. La juge des libertés et de la détention (JLD), qui statuait sur la détention provisoire d'un homme incarcéré pour association de malfaiteurs et détention d'arme, a finalement accepté de le faire comparaître à la barre, encadré par des policiers, et non derrière des parois de verre.
"Déshumanisation". "Le droit européen n'admet pas le recours systématique aux 'cages'", a affirmé Christian Saint-Palais, président de l'Association des avocats pénalistes (Adap), tout en précisant qu'une directive européenne de 2016 les autorise si le prévenu est dangereux ou si son intégrité est menacée. La fronde contre les box vitrés, imposés depuis août 2016 par un arrêté ministériel dans les salles d'audience susceptibles d'accueillir des prévenus ou des accusés détenus, a débuté à l'été 2017.
Pour de nombreux avocats, rejoints par des magistrats, ces dispositifs entièrement fermés à l'exception de deux ouvertures horizontales portent atteinte aux droits de la défense et à la présomption d'innocence. Selon Christian Saint-Palais, "c'est un postulat de dangerosité qui est posé, et une déshumanisation : symboliquement, le box est une séparation entre le juge et le justiciable". Les défenseurs des box vitrés estiment au contraire que le dispositif permet d'éviter les évasions. "Il y a 62 ans que je fais ce métier, je n'en ai vu qu'une seule", a souligné Henri Leclerc.
Des adaptations à venir. Sur les treize box prévus initialement au nouveau TGI de Paris qui vient d'ouvrir dans le quartier des Batignolles, huit sont déjà promis au démantèlement. Face à la bronca des avocats, la garde des Sceaux Nicole Belloubet a en effet annoncé en avril des "adaptations", notamment dans le tout nouveau palais de justice de la capitale.