Des associations de défense des animaux poussent un coup de gueule après la présence de deux ministres lors d’une corrida à Bayonne, dans les Pyrénées-Atlantiques. Jacqueline Gourault, ministre de la Cohésion des territoires et Didier Guillaume, ministre de l’Agriculture sont pointés du doigt pour avoir assisté à cette course de taureaux au cours de laquelle six bêtes ont été mises à mort.
L'information, révélée par le journal Sud Ouest, a suscité vendredi les critiques de plusieurs élus, notamment écologistes. Sur Europe 1, Julien Bayou, porte-parole d’Europe Écologie Les Verts, a exprimé son mécontentement : "Cette présence des deux ministres choque parce que c’est en complète contradiction avec le discours du gouvernement sur le bien-être animal", a-t-il déclaré.
Des actes et paroles "contradictoires"
"Le ministre de l’Agriculture lui-même est responsable du bien-être animal et il devait annoncer des pistes pour améliorer les questions de condition animale. Pourtant, il se prête à un spectacle lugubre où il s’agit de traumatiser et finalement de massacrer des taureaux comme si c’était un spectacle", dénonce Julien Bayou. "C’est évidemment rigoureusement contradictoire avec tous les discours et les attentes sur la question du bien-être animal. Ce gouvernement doit tenir parole ou alors arrêter de nous bassiner les oreilles avec de grands discours sur l’écologie et le bien-être animal. Au bout d'un moment, il faut agir."
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Sur BFM TV, Julien Bayou, avait déjà dénoncé "un soutien clair et net (de la part des deux ministres) à un massacre, à un spectacle lugubre".
D'autres personnalités politiques se sont opposées à cette présence, comme Yannick Jadot, eurodéputé écologiste, qui l'a jugée "lamentable" et qui a déploré sur Twitter que "le ministre en charge du bien être animal assiste à une corrida".
Après Martine « s’en branle » de Greta Thunberg, #didierguillaume « s’en branle » de la souffrance animale ! Lamentable !
— Yannick Jadot (@yjadot) 16 août 2019
Quand le ministre de l’Agriculture, en charge du bien-être animal, assiste à une corrida | via @ouestfrancehttps://t.co/S87ZSQH3ab
Un député de La France insoumise, Bastien Lachaud y a encore vu le "symbole du mépris de ce gouvernement pour les animaux, pour le vivant et la nature". La Fondation Brigitte Bardot a pour sa part estimé que la présence des deux ministres étaient "au-delà du scandaleux et de l’écœurement".
"La corrida fait partie des traditions séculaires"
Une députée de La République en marche, Françoise Dumas - élue dans le Gard, terre tauromachique - a toutefois défendu les deux ministres : "La corrida fait partie des traditions séculaires dans tout le sud et appartient à notre patrimoine national. Je respecte toutes les opinions mais ne supporte pas que l'on veuille restreindre ma liberté de penser ou d'agir", a-t-elle fait valoir sur Twitter.
La #corrida fait partie des traditions séculaires dans tout le sud et appartient à notre patrimoine national.
— Françoise Dumas (@fdumasdeputee) 16 août 2019
Je respecte toutes les opinions mais ne supporte pas que l’on veuille restreindre ma liberté de penser ou d’agir. Solidarité avec nos ministres @dguillaume26@j_gourault!
Régulièrement mise en cause par les défenseurs de la cause animale, l'organisation de corridas, dans les seules "régions de tradition tauromachique", a été jugée conforme à la Constitution en 2012 par le Conseil constitutionnel. Dans le passé, plusieurs personnalités politiques françaises ont déjà exprimé leur attachement à la pratique : outre Manuel Valls ou Alain Juppé, qui en sont amateurs, l'ancien député écologiste Noël Mamère avait reconnu, dans l'un de ses ouvrages publié en 2002 qu'il aimait "la chasse et la corrida".